Le massacre de Boutcha est considéré comme l'un des pires crimes de guerre connus depuis le début du conflit en Ukraine. Dès le premier jour de l'invasion, les troupes russes ont avancé vers la petite banlieue de la capitale Kiev et ont tué des personnes en fuite et des habitantes. Selon le service de renseignement militaire ukrainien, la 64e brigade de motocyclistes de l'armée russe a été la principale responsable des graves crimes commis à Boutcha. Nikita Chibrin en faisait partie.
Depuis, le soldat de 27 ans a déserté et s'est enfui en Espagne via le Kazakhstan et la Biélorussie. Il y a demandé l'asile. Dans des interviews, il raconte les crimes de son unité, notamment ceux de plusieurs soldats:
"There are maniacs who enjoy killing."
— CNN International PR (@cnnipr) December 14, 2022
In an exclusive TV interview, Nikita Chibrin, a deserter from a notorious Russian military unit now seeking asylum in Europe, tells @fpleitgenCNN about the crimes against civilians he witnessed.
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«Les supérieurs hiérarchiques ne s'intéressaient pas vraiment aux crimes de leurs subordonnés», a-t-il déclaré à un correspondant de la chaîne. Il ajoute:
Dans la 64e brigade de fusiliers motorisés, Nikita Chibrin a servi sous les ordres du colonel Ozodbek Oumourbekov, que les médias surnomment le «boucher de Boutcha».
Ozodbek Oumourbekov figure sur la liste des sanctions de l'Union européenne et de la Grande-Bretagne. Le ministère ukrainien de la Défense qualifie l'ensemble de l'unité de criminels de guerre. Après leur départ en avril, des fosses communes contenant des centaines de morts ont été découvertes dans les forêts autour de Boutcha, et les corps d'Ukrainiens assassinés jonchaient les rues de la petite ville.
Dans l'interview, Nikita Chibrin, qui a déserté, a en outre raconté que son unité devait tuer toute personne qui partageait des informations sur la localisation de la 64e brigade motorisée.
Outre les assassinats arbitraires, le pillage aurait été très répandu parmi les Russes stationnés à Boutcha.
La règle aurait été la suivante: «Si tu as vu et volé quelque chose de valeur et que tu ne t'es pas fait prendre, tu es un homme bien.» Les commandants n'auraient pas sanctionné ce genre de comportements. Ils disaient: «Peu importe. Et alors? Il n'y a pas de discipline dans cette unité», dit Nikita Chibrin.
Dans une autre interview accordée au journal britannique Guardian, Nikita Chibrin affirme n'avoir «pas tiré une seule fois» avec son arme.
En Espagne, il attend désormais la décision concernant sa demande d'asile. Il témoignera ensuite contre son ancienne unité devant un tribunal international.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder