International
Russie

«J'enverrai un télégramme»: Poutine rend hommage à Gorbatchev

epa10148348 (FILE) - Russian President Vladimir Putin (R) and former Soviet leader Mikhail Gorbachev (L) talk during a press conference at Gottorf palace in the northern village of Schleswig, Germany, ...
Mikhaïl Gorbatchev et Vladimir Poutine, en 2004.keystone

«J'enverrai un télégramme»: Poutine rend hommage à Gorbatchev à sa façon

C'était un spectre légendaire de la politique, une page d'histoire vivante depuis plus de 30 ans: Mikhaïl Gorbatchev, celui avec qui le 20e siècle prenait prématurément fin en 1991, est décédé mardi à l'âge de 91 ans. Les hommages pleuvent, y compris celui de Vladimir Poutine.
31.08.2022, 09:5601.09.2022, 06:14
Plus de «International»

Le dernier dirigeant de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, est mort mardi à l'âge de 91 ans en Russie.

«Mikhaïl Sergueïvitch Gorbatchev est décédé après une longue maladie grave»
Hôpital clinique centrale (TSKB) de Moscou

Mikhaïl Gorbatchev était le dernier dirigeant russe encore en vie de l'époque de la Guerre froide, période dont les échos se font particulièrement sentir depuis l'offensive à grande échelle de l'actuel président russe, Vladimir Poutine, en Ukraine, lancée le 24 février.

Avant son décès, Mikhaïl Gorbatchev ne s'était pas exprimé publiquement sur ce conflit d'une violence inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, décrié en Occident comme une résurgence de l'impérialisme russe. Sa fondation avait toutefois émis un communiqué:

«Nous appelons à une cessation des hostilités et à une négociation de paix immédiates»
Fondation Mikhaïl Gorbatchevcommuniqué du 26 février 2022

Ces dernières semaines, les médias russes avaient mentionné des problèmes de santé récurrents de l'ancien dirigeant. Une source anonyme, citée par l'agence TASS, a indiqué que Mikhaïl Gorbatchev serait enterré auprès de sa femme Raïssa Gorbatcheva, décédée en 1999, au cimetière de Novodiévitchi à Moscou.

MOSB21- Gorbachev looks at watch before resignation speech - With two minutes left before going on television and announcing his resignation, Soviet President Mikhail Gorbachev checks the time on his  ...
Mikhaïl Gorbatchev, peu avant d'annoncer sa démission de la tête de l'URSS, le jour de Noël 1991.keystone

Poutine «envoie un télégramme» à sa famille

Comment a réagi son successeur à son poste, l'actuel président russe Vladimir Poutine? L'autocrate s'est contenté d'exprimer ses condoléances et a indiqué par le biais du porte-parole du Kremlin qu'il «enverrait un télégramme» à la famille de l'ancien dirigeant de l'URSS:

«Vladimir Poutine exprime ses profondes condoléances, il enverra dans la matinée un télégrame de condoléances à la famille et aux proches»
Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlincommuniqué officiel

Pour Mikhaïl Gorbatchev, les relations ont toujours été complexes avec les nouveaux maîtres du Kremlin, que ce soit le premier président russe Boris Eltsine (1991-1999), son ennemi juré, ou Vladimir Poutine, qu'il a critiqué tout en voyant en lui une chance pour un développement stable de la Russie.

Les réactions pleuvent

«Mikhaïl Gorbatchev était un homme d'Etat unique qui a changé le cours de l'histoire»
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU
epa10130258 UN Secretary-General Antonio Guterres arrives at the Zeyport to inspect a grain shipment before his Joint Coordination Center (JCC) in Istanbul, Turkey, 20 August 2022. A safe passage deal ...
keystone
«C'était un leader rare, qui a permis un monde plus sûr avec davantage de liberté pour des millions de personnes »
Joe Biden, président des Etats-Unis d'Amérique
President Joe Biden speaks at the Arnaud C. Marts Center on the campus of Wilkes University, Tuesday, Aug. 30, 2022, in Wilkes-Barre, Pa. (AP Photo/Matt Slocum)
Joe Biden
keystone
«Un homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes»
Emmanuel Macron, président de la République française
epa10145151 French President Emmanuel Macron speaks during a joint press conference with Polish Prime Minister prior to their meeting at the Elysee Palace in Paris, France, 29 August 2022. EPA/RADEK P ...
keystone
«Il était un dirigeant digne de confiance et respecté qui a ouvert la voie à une Europe libre»
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
EU Commission President Ursula von der Leyen attends a press conference after a meeting during the Baltic Sea Energy Security Summit at Marienborg, north of Copenhagen, Tuesday Aug. 30, 2022. (Mads Cl ...
keystone
«Je salue le courage et l'intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide»
Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni
epa10136422 British Prime Minister Boris Johnson speaks during a joint press conference with Ukrainian President Volodymyr Zelensky (not pictured) following their meeting at the Mariinsky palace in Ky ...
keystone
«A l'heure de l'agression de Vladimir Poutine en Ukraine, son engagement inlassable pour l'ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous.»
Boris Johnsontwitter

Loué en Occident, honnis en Russie

Très respecté à l'étranger, Mikhaïl Gorbatchev recevait régulièrement les éloges de personnalités du monde entier, comme en mars 2021, à l'occasion de ses 90 ans, quand le président américain Joe Biden ou encore la chancelière allemande Angela Merkel ont pensé à le féliciter.

Il restait une figure ambivalente en Russie en revanche, depuis la disparition de l'URSS en 1991. S'il est celui qui a donné une chance à la liberté d'expression d'émerger, il fut pour beaucoup le responsable de l'éclatement d'une superpuissance et des terribles années de choc économique qui suivirent. Une humiliation.

«Nous sommes tous orphelins. Mais tout le monde ne l'a pas compris»

Ce tweet d'Alexeï Venediktov, un journaliste ami de Mikhaïl Gorbatchev et ancien chef de la radio russe Ekho Moskvy (fermée pour avoir critiqué l'offensive en Ukraine), est édifiant.

Héritage controversé en Russie

Lors de son passage au pouvoir entre 1985 et 1991, Mikhaïl Gorbatchev a mené d'importantes réformes démocratiques, connues sous les noms de «perestroïka» (restructuration) et de «glasnost» (transparence), qui lui ont valu une immense popularité en Occident.

En 1990, il avait obtenu le prix Nobel de la paix pour «avoir mis fin pacifiquement à la Guerre froide». Il est aussi celui qui ordonna la fin de la désastreuse campagne militaire soviétique en Afghanistan et laissa le mur de Berlin tomber.

Les années qui suivirent la dissolution de l'URSS restent un traumatisme pour nombre de Russes, plongés dans une pauvreté fulgurante, confrontés à un chaos politique et à une guerre sanglante en Tchétchénie.

Prix Nobel de la paix en 1990 pour son rôle dans la fin de la confrontation Est-Ouest au siècle dernier, Mikhaïl Gorbatchev a passé les 20 dernières années en retrait de la politique, tout en faisant régulièrement entendre sa voix, inquiet des nouvelles tensions avec Washington.

Il appelait la Maison Blanche et le Kremlin

Avec l'arrivée au pouvoir en 2000 de Vladimir Poutine, qui a dit considérer la disparition de l'URSS comme la «plus grande catastrophe géopolitique» du XXe siècle, l'Etat met au pas la société tout en assurant le retour de la puissance russe sur la scène internationale.

Il appelait régulièrement le Kremlin et la Maison Blanche à se parler, se rencontrer et se mettre d'accord pour assurer la sécurité mondiale et réduire leurs arsenaux, comme il l'avait fait dans les années 1980 avec le président américain d'alors, Ronald Reagan.

Fatigué par le Covid

Après un bref essai manqué de retour en politique dans les années 1990, Mikhaïl Gorbatchev s'était consacré entièrement à des projets éducatifs et humanitaires. Il a également été un soutien de la première heure du principal journal russe d'opposition, Novaïa Gazeta.

Né dans le sud-ouest de la Russie en 1931, Mikhaïl Gorbatchev avait passé une partie de la pandémie de Covid-19 dans un hôpital russe, se disant, comme beaucoup de ses compatriotes, «fatigué de tout cela».

(ats/acu)

Cet ancien soldat de Poutine déchire son passeport devant la caméra
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La Suisse est pressentie pour une mission capitale face au Kremlin
Les 57 pays membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération (OSCE) sont à la recherche d'un Etat pour diriger cette institution divisée depuis le début de la guerre en Ukraine. Grand favori: la Confédération.

La Suisse siège au Conseil de sécurité de l'ONU jusqu'à la fin de l'année. Une fois cette mission terminée, elle pourrait s'attaquer à un nouveau défi de taille sur la scène diplomatique.

L’article