
Boris Bondarev travaillait ici, au bâtiment des Nations unies. Image: sda
Il a démissionné à Genève et sa décision fait le tour du monde. Boris Bondarev a osé, il a lâché la Mission russe. Il commente sa situation dans une interview à 24 heures, voici ce qu'il faut en retenir.
25.05.2022, 11:4226.05.2022, 10:55
La décision a causé un séisme dans le monde bien rangé de la Genève internationale et a provoqué des remous dans le monde entier: Boris Bondarev, un haut diplomate russe, a démissionné avec fracas en réglant ses comptes avec Poutine.
En visioconférence – car confiné chez lui par mesure de précaution – il s'est exprimé sur sa situation dans les colonnes de 24 heures. Entre prise de conscience et ras-le-bol de l'hypocrisie de ses collègues russes, Bondarev déplore l'inaction des diplomates. Echantillon de ses réponses.
Pour lancer les hostilités:
«Notre politique étrangère est très bruyante, très grossière, mais pas efficace. Il n’y a qu’à voir les demandes que Poutine a formulées juste avant la guerre en Ukraine»
De quoi le pousser à la démission:
«Je veux le dire ici clairement: j’ai pris et conçu ma décision seul»
Et ce dès le premier jour du début du conflit:
«Mais il m’a fallu trois mois pour la mettre en œuvre, pour assurer la sécurité de ma famille, pour amener ici ma femme et – aussi – mon chat»
Bondarev se dit très remonté contre ses collègues:
«Il y a quelques mois, les tweets outranciers d’un de mes collègues m’ont fait bouillir»
Il parle évidemment de leur hypocrisie:
«Ils savent que cette propagande n’est pas la vérité, mais ils la diffusent quand même, parce que c’est leur devoir»
Il explique le rôle des diplomates russes et la compare à celle des autres Etats:
«Nos positions sont faites pour plaire à la hiérarchie ou à certains individus bien précis, mais on ne travaille pas pour l’intérêt national»
Et les réponses de la Fédération de Russie:
«Quand on formule des observations, notre hiérarchie nous dit: "Merci beaucoup, mais ce n’est pas nécessaire"»
A propos de sa démission:
«Je ne suis pas un héros, mais mes parents m’ont éduqué ainsi: un être humain doit avoir une opinion et agir en fonction»
L'homme préfère se regarder droit dans une glace:
«Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour ma conscience, mais aussi pour faire une différence»
Un malaise général et une invasion désapprouvée:
«Il y a beaucoup de diplomates russes qui sont tout près de faire comme moi. Parce qu’ils n’en peuvent plus de défendre des positions qu’ils désapprouvent»
Finalement, il évoque son avenir:
«Ma priorité est de trouver un travail. J’ai des compétences que je voudrais mettre au service d’un monde meilleur»
(svp)
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Video: watson
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