La Russie paraît craindre une attaque ukrainienne sur la Crimée, car elle a massivement développé ses installations de défense. Des images satellites de la société américaine Maxar montrent comment, en l'espace de deux semaines, de nombreuses tranchées ont été creusées sur la côte. L'Ukraine a toujours souligné que la Crimée, annexée par Moscou en 2014, faisait partie de son territoire national.
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Les nouvelles installations de défense, notamment sur le promontoire de Medvedivka, s'étendraient sur plusieurs kilomètres, selon une enquête du Washington Post. Les tranchées ont été creusées en zigzag dans le sol afin que les soldats disposent d'une plus grande zone de tir. En outre, des barrages antichars auraient été mis en place.
Russia began to prepare Crimea for the Ukrainian offensive
— NEXTA (@nexta_tv) April 3, 2023
Miles of trenches have been dug on Crimean beaches to protect them from #Ukrainian landing troops. In just a few weeks dozens of miles of trenches have been dug on the beaches of the peninsula, The Washington Post… pic.twitter.com/vht8YnEKRj
Les fortifications apparaissent dans le contexte d'une offensive ukrainienne de printemps annoncée à maintes reprises. On ne sait toutefois pas quels sont les plans réels de Kiev. La reconquête de la Crimée a déjà été indiquée comme objectif, mais on peut se demander si les ressources disponibles sont suffisantes pour cela. Les travaux russes laissent cependant penser que Moscou s'attend à une attaque.
Selon le Washington Post, la construction des installations ne fait pas seulement appel à du matériel lourd, mais aussi à de nombreux ouvriers qui auraient été recrutés auparavant sur des bourses d'emploi en ligne. On leur aurait proposé un salaire de 90 dollars par jour.
La Crimée est reliée à l'Ukraine par une étroite liaison terrestre, constituée en partie de zones marécageuses, qui pourrait rendre l'avancée des troupes plus difficile. Certaines installations russes à proximité de canaux et de rivières semblent avoir été endommagées, afin d'offrir un obstacle supplémentaire aux troupes qui s'approchent.
La Crimée a une importance particulière: d'une part historique — la Russie a défendu le territoire contre les puissances européennes en 1850 — et d'autre part stratégique — après tout, c'est là que se trouve le port de la flotte de la mer Noire. Politiquement, la perte de la Crimée serait une défaite cuisante pour le président Poutine: c'est lui qui a annexé la péninsule en 2014.
La Russie semble même s'attendre à une attaque par la mer, comme le suggèrent les installations sur la côte. On peut se demander si Kiev va effectivement utiliser sa marine, plutôt faible, ou envoyer des soldats et des chars.
Michael Kofman, un analyste militaire du «Center for Naval Analysis» en Virginie, a déclaré au Washington Post que l'Ukraine ne s'emparerait probablement pas de la Crimée «de manière classique». Kiev pourrait plutôt poursuivre une stratégie d'épuisement en rendant l'accès russe plus difficile par des attaques continues.
Cela pourrait alors conduire à des négociations. Ces derniers mois, des attaques ont été menées à plusieurs reprises sur le territoire de la Crimée, par l'Ukraine et par des groupes amis. Le pont de Crimée a notamment été partiellement détruit et des dégâts considérables ont été causés à un aéroport militaire.
L'Ukraine se veut victorieuse. Il y a quelques jours, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale de l'Ukraine, Oleksiy Danilov, a présenté un «plan en 12 points». Celui-ci décrit ce que Kiev prévoit de faire de la péninsule après une éventuelle libération. Il est ainsi prévu de démolir le pont de Crimée et de «désintoxiquer» l'administration.
Ben Hodges, ancien général des troupes américaines en Europe, voit des opportunités pour l'Ukraine de reconquérir la Crimée. Chasser toutes les troupes russes d'Ukraine n'est pas chose facile, même s'il loue la créativité ukrainienne.
«L'Ukraine ne pourra jamais être en sécurité ni reconstruire son économie, tant que la Russie occupera la Crimée, parce qu'elle bloque l'accès à la mer d'Azov et parce que la flotte de la mer Noire est en mesure de dominer la côte de la mer Noire et les ports de l'Ukraine», a écrit Hodges sur Twitter. Sa proposition:
(wan)