Les services secrets ukrainiens (SBU) ont publié une conversation téléphonique russe interceptée qui ne manque pas de piquant. Elle prouverait un acte de sabotage de l'armée russe sur le barrage de Nova Kakhovka.
Dans cet enregistrement d'une centaine de secondes, deux officiers russes présumés discutent calmement des nouvelles des territoires occupés dans le sud de l'Ukraine. Le plus inquiet s'attend à un nouveau Tchernobyl, car le niveau d'eau du barrage de Kakhovka baisse rapidement après la rupture de la digue. Les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia ne peuvent donc plus être refroidis. L'un d'eux déclare:
Il explique à son interlocuteur que c'était leur groupe de diversion, en réfutant la propagande du Kremlin sur une attaque terroriste ukrainienne. «Ils voulaient faire un peu peur au barrage, mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Il est arrivé quelque chose de plus grave que prévu qu'ils n'avaient pas anticipé», explique l'officier, qui se lamente ensuite sur les milliers d'animaux noyés d'un parc safari.
L'authenticité de l'enregistrement intercepté par le SBU ne peut pas être vérifiée. Les deux hommes parlent, en tout cas, russe sans accent ukrainien. Kiev a, depuis le début, accusé la Russie d'être responsable de l'explosion du barrage, situé dans la zone d'occupation russe et déjà miné depuis plusieurs mois.
La porte-parole du commandement de l'armée ukrainienne «Sud», Natalia Humenniuk, a déclaré, vendredi, que l'explosion du barrage s'était produite «de l'intérieur» et n'était pas la conséquence d'une attaque extérieure. «Le barrage n'est pas complètement détruit», a-t-elle ajouté. Les Russes ont apparemment été tellement effrayés par la contre-offensive ukrainienne qu'ils ont ignoré toute responsabilité, y compris en ce qui concerne leurs propres positions sur la rive est du Dnipro, a-t-elle analysé.
En effet, la première ligne de défense des troupes d'occupation sur les rives du Dnipro semble en grande partie submergée. Selon les données du ministère de la Défense de Kiev, l'armée russe s'est retirée de la rive sur une quinzaine de kilomètres à l'intérieur des terres.
Dimanche, trois personnes ont été tuées et au moins 23 autres blessées dans des tirs russes sur des civils évacués, notamment à bord d'embarcations, des zones inondées dans le sud du territoire ukrainien, ont déclaré les autorités locales.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a réitéré dimanche, face à des données divergentes, sa demande d'accès au site où est mesuré le niveau de l'eau du réservoir utilisée pour refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
Le niveau du réservoir a «rapidement» diminué, passant de 17 à 11,27 mètres dimanche matin, d'après les données reçues par le personnel de l'AIEA.
Traduit et adapté par Nicolas Varin