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Moderna teste un vaccin «très prometteur» contre le cancer

On attend depuis longtemps un vaccin contre le cancer: une percée pourrait avoir été réalisée avec le produit de Moderna (image d'illustration).
On attend depuis longtemps un vaccin contre le cancer: une percée pourrait avoir été réalisée avec le produit de Moderna (image d'illustration).Image: EPA

Cancer: ce que l'on sait du vaccin «très prometteur» de Moderna

Un vent d’espoir souffle sur la lutte contre le cancer: le traitement par vaccin développé par Moderna a donné des résultats «remarquables», estime un spécialiste suisse. Explications.
31.12.2023, 18:5731.12.2023, 18:57
Bruno Knellwolf / ch media
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Il n'existe pas encore de vaccin ARNm contre le cancer. Mais Moderna vient de publier des résultats encourageants d'une étude sur une thérapie contre le cancer noir de la peau. Il s'agit d'un produit personnalisé qui vise à actualiser le système immunitaire de manière à ce que le patient puisse générer une réaction antitumorale sur mesure.

Dans le traitement du cancer examiné dans l'étude, le vaccin ARNm de l'entreprise pharmaceutique américaine est combiné avec le fameux traitement Keytruda du fabricant Merck. Keytruda est une thérapie par anticorps monoclonaux qui améliore la capacité du système immunitaire à reconnaître et à combattre les cellules tumorales. Keytruda est aujourd'hui déjà utilisé seul lorsque le mélanome est si avancé qu'il ne peut plus être enlevé chirurgicalement.

Les résultats de l'étude sur trois ans montrent maintenant que le traitement par ARNm combiné au Keytruda réduit de 49% le risque de récidive et de décès chez 157 patients atteints de mélanome à haut risque. Par rapport aux patients qui n'ont reçu que le Keytruda, le risque de métastases à distance ou de décès a diminué de 62%.

Percée probable de la technologie ARNm

«Les résultats de cette combinaison sont absolument remarquables et signifient probablement la percée de cette technologie dans le domaine du cancer. Au moins pour les cas de cancer noir de la peau», déclare Roger von Moos, directeur du centre de recherche sur les tumeurs à l'hôpital cantonal des Grisons et spécialiste du cancer de la peau au sein du Groupe suisse de recherche clinique sur le cancer (SAKK).

La vaccination individualisée associée à l'immunothérapie est extrêmement prometteuse à l'heure actuelle. Et ce, également en comparaison avec d'autres thérapies contre le cancer de la peau.

«Les effets secondaires sont par exemple nettement moins importants que ceux d'une immunothérapie combinée»
Roger von Moos

Ce vaccin ne s'administre pas à titre préventif pour empêcher la maladie de se développer, comme pour la grippe ou le Covid. Ce n'est pas possible, car pour la thérapie ARNm personnalisée, il faut connaître la nature de la tumeur. Impossible donc d'anticiper avant l'apparition de celle-ci. Cette thérapie par ARNm peut donc être utilisée exclusivement pour les patients qui ont déjà un cancer de la peau, explique Roger von Moos.

Procédure d'autorisation accélérée

L'autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration (FDA) a désormais accordé au traitement anticancéreux par ARNm le statut de percée thérapeutique, une «Breakthrough Therapy Designation», à l'issue de la phase 2b de l'étude. Et l'agence européenne des médicaments (EMA) celui à peu près équivalent de «Prority Medicines.

«Cela signifie que ces autorités considèrent les résultats comme très prometteurs et accélèrent le processus d'autorisation»
Roger von Moos

Les données de l'étude peuvent être consultées à un stade très précoce et d'autres informations importantes peuvent éventuellement être fournies de manière continue au cours du processus d'autorisation. Dans l'ensemble, ces médicaments obtiennent généralement un feu vert plus tôt.

Car d'autres études sont encore nécessaires, comme l'explique le spécialiste du cancer de la peau. «Et il ne faut pas oublier qu'il faut six à huit semaines pour fabriquer un vaccin individuel, car il faut pour cela du tissu tumoral du patient». Il est donc tout à fait possible que ce traitement ne soit pas optimal pour les mélanomes à croissance très rapide.

Beaucoup plus compliquée que la vaccination anti-Covid

La technique de l'ARNm a déjà fait ses preuves contre le Covid. Mais une vaccination contre le cancer est beaucoup plus compliquée que contre un virus, comme l'a récemment expliqué Burkhard Ludewig, directeur de recherche à l'hôpital cantonal de Saint-Gall. Seule celle contre le cancer du col de l'utérus HPV est plus simple, car celui-ci est justement causé par un virus.

Or, dans d'autres types de cancer, les cellules cancéreuses présentent une grande variabilité. Il faut donc activer fortement et en grand nombre les cellules immunitaires par la vaccination, ce qui complique la production d'un remède.

Le recours au nouveau vaccin à ARNm dans un premier temps contre le cancer noir de la peau relève de l'évidence pour Burkhard Ludewig. Ces cellules tumorales sont très bien reconnues par le système immunitaire, c'est pourquoi les immunothérapies combinées sont également efficaces contre le cancer de la peau. Il en va de même pour le cancer du poumon, la thérapie par ARNm pourrait donc aussi permettre de lutter là-contre.

En effet, l'entreprise américaine vient de lancer une étude de phase 3 sur le cancer du poumon, pour laquelle des patients sont recrutés dans le monde entier. Selon Roger von Moos aussi, la thérapie par ARNm pourrait probablement être bientôt utilisée pour d'autres types de tumeurs.

Moderna prévoit en outre d'étendre rapidement le programme de développement de l'ARNm dans ce sens. Non seulement dans le domaine du cancer, mais aussi contre les maladies rares et les pathologies infectieuses comme la grippe et le virus respiratoire syncytial RSV.

Le vaccin contre le cancer de la peau de Moderna entre maintenant dans sa phase finale. L'ultime étape de tests cliniques, l'étude de stade 3 pour l'ARNm-4170, est déjà en cours depuis juillet. Roger von Moos y participe.

«L'hôpital cantonal des Grisons est l'un des rares centres suisses à avoir été choisi pour mener ce projet»
Roger von Moos

Malheureusement, les autorités auraient pris du retard. Il reste désormais sur le qui-vive pour recevoir le feu vert et lancer la recherche. «D'autant plus que les autorités d'homologation d'autres pays ont déjà donné leur autorisation», explique-t-il. Il n'y a pas de temps à perdre.

Découverte suisse pour le dépistage précoce du cancer
L'Institut Paul Scherrer (PSI) annonce également un succès dans la lutte contre la maladie alors que la détection précoce d'une tumeur est décisive pour le succès d'un traitement. Un groupe dirigé par G.V. Shivashankar, également professeur à l'EPF de Zurich, a pu démontrer que des modifications dans l'organisation du noyau de certaines cellules sanguines peuvent fournir une indication sûre de la présence d'une tumeur dans le corps.

Grâce à leur technique – qui fait appel à l'intelligence artificielle – les scientifiques ont pu distinguer les personnes en bonne santé des malades avec une précision d'environ 85%. Ils ont en outre réussi à déterminer le type de tumeur, à savoir un mélanome, un gliome (tumeur du tissu de soutien des cellules nerveuses), un méningiome (tumeur des méninges) et une tumeur de l'oreille et du nez. «C'est la première fois au monde que quelqu'un y parvient», déclare Shivashankar. Les chercheurs ont publié leurs résultats dans la revue spécialisée npj Precision Oncology.

Du point de vue des scientifiques, le nouveau procédé n'est pas seulement applicable aux tumeurs étudiées, mais à de nombreux types de cancer. Elle pourrait également être utilisée pour le suivi de la protonthérapie, comme pour la radiothérapie en général, la chimiothérapie et les opérations.

Traduit de l'allemand par Valentine Zenker

Droguée au GHB dans un club vaudois, elle témoigne.
Video: watson
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