La foule a envahi la plus grande place de la capitale, Belgrade et plusieurs rues alentour en fin d'après-midi. Les manifestants brandissaient des drapeaux serbes et des banderoles avec des noms de villes et de villages.
Des heurts ont éclaté dans la soirée entre des grappes de manifestants et les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Selon un communiqué de la police, le rassemblement a réuni 36 000 manifestants, mais les journalistes de l'AFP ainsi que plusieurs images aériennes du rassemblement montrent une foule bien plus importante.
Le décompte provisoire d'un organisme indépendant en fin de soirée parle plutôt d'environ 140 000 manifestants. Cela en ferait l'un des plus importants rassemblements depuis le début du mouvement. Celui du 15 mars avait totalisé 300 000 personnes.
Le mouvement est né de l'effondrement le 1er novembre 2024 de l'auvent en béton de la gare de Novi Sad (nord), qui a coûté la vie à seize personnes, dont deux enfants. Les étudiants en ont rapidement pris la tête.
Frustrés par l'inaction du gouvernement populiste face à cette tragédie largement imputée à une corruption enracinée, ils ont établi plusieurs revendications ces derniers mois, notamment une enquête indépendante. Ils exigent depuis mai des élections législatives anticipées.
Le mouvement avait semblé marquer le pas après l'événement de mars, mais les étudiants espèrent que cette nouvelle démonstration de force lui donnera un nouvel élan. Ils ont, dans la semaine, présenté deux demandes au président: la dissolution du Parlement et le départ de ses partisans qui campent devant la présidence depuis le 12 avril.
Aleksandar Vucic (droite nationaliste) avait, selon l'ultimatum des étudiants, jusqu'à ce samedi 21h00 pour y répondre. Le délai expiré, des étudiants ont lu un communiqué aux manifestants: «Peuple de Serbie! Le temps est écoulé, mais pas pour nous [...] Cette lutte n'est pas seulement celle des étudiants. Aujourd'hui, nous exigeons tous des élections. Nous nous lèverons tous et nous gagnerons tous [...] Nous continuerons à frapper à toutes les portes en Serbie. Nous serons dans chaque ville, chaque village, chaque rue».
Alimentant les craintes de heurts entre les deux camps, Vucic avait prévenu dans la matinée qu'il y aurait «de la violence» vers la fin de la manifestation des étudiants.
Ces derniers, dont les rassemblements ont toujours été pacifiques, ont de leur côté menacé d'une «radicalisation» si leurs demandes n'étaient pas satisfaites, menaçant d'une «désobéissance civile pacifique» et laissant entendre qu'ils pourraient bloquer plusieurs points névralgiques à Belgrade. (ats/vz)