PFAS, quatre lettres anodines, mais qui vont sans doute faire parler d'elles, assure Le Monde, qui relaie une vaste enquête. Ces lettres désignent les produits poly et perfluoroalkylés. Plutôt barbare comme nom, mais ces derniers sont présents dans plein de biens de consommation, comme les emballages alimentaires et la vaisselle jetable utilisés, en particulier, dans la restauration rapide en raison de leurs qualités antiadésives notamment.
Les PFAS sont une famille de plus de 4500 composés chimiques. Ces composés dits «perfluorés» ont de très mauvais effets sur la santé. Les toxicologues les ont rebaptisés «forever chemicals» (pour: «produits chimiques éternels»). En effet, ils se montrent très persistants dans l’environnement et s'accumulent dans notre organisme.
Neuf organisations non gouvernementales: l’ONG européenne Alliance pour la santé et l’environnement, l’allemande Bund, la britannique ClientEarth et la française Générations futures ont mené une vaste campagne d’analyses dans six pays: Allemagne, Danemark, France, Pays-Bas, Royaume-Uni et République tchèque.
Les ONG ont sélectionné:
L'oléophobie de ces échantillons a d'abord été testée, cela permet de savoir s'ils repoussent les graisses. C'est une propriété des PFAS. Parmi les tests, 28 échantillons se sont révélés positifs, signe d’un traitement a priori intentionnel aux PFAS et 14 autres ont néanmoins été sélectionnés.
L’analyse de ces 42 échantillons a été confiée à deux labos au Danemark et aux Pays-Bas. Qu'est-ce qui a été testé:
Des traces de PFAS ont été retrouvées dans l'ensemble des échantillons sélectionnés:
Le test d’écotoxicité a confirmé que les PFAS avaient le potentiel de créer des déséquilibres des hormones thyroïdiennes. Perturbateurs endocriniens, mais aussi obésité, diabète, troubles hépatiques, faible poids à la naissance, cancer des testicules et du rein, ou encore diminution de la réponse immunitaire aux vaccins.
La présence des PFAS dans des emballages se retrouve dans de nombreux déchets qui vont polluer non seulement les corps, mais aussi l'environnement. Les auteurs notent qu'ils vont s’accumuler le long de la chaîne alimentaire.
Les auteurs de l'étude estiment que l'usage de ces objets «constituent un exemple typique de traitements chimiques évitables». Comment? Bêtement en employant de la vaisselle durable et réutilisable. A noter que les traces qui ont été découvertes peuvent s’expliquer par l’usage de carton ou de papier recyclés. Ces derniers auraient été traités, dans leur première vie, aux PFAS. Par voie de conséquence l'usage de ce matériel recyclé peut représenter, selon l'étude: «une menace pour une économie circulaire propre et sûre».
En France, relate Le Monde, Générations futures a décidé de lancer une campagne. L'organisation demande aux enseignes de fast-food, sandwicheries et boulangeries de «stopper l’usage des PFAS». (jah)