
Les électeurs français ont boudé les urnes dimanche. Les partis d'Emmanuel Macron, le président, et de Marine Le Pen n'ont pas gagné de régions. keystone
Les Français ont boudé les urnes, dimanche, au 2e tour des élections régionales. La gauche et la droite peuvent prétendre à une nouvelle dynamique à dix mois de la présidentielle.
28.06.2021, 06:4928.06.2021, 07:52
Peu de participation
Près des deux tiers (66.3% selon une estimation à 19h) des 48 millions d'électeurs français ne se sont pas exprimés lors des élections régionales en France, à peine moins que la semaine dernière qui avait marqué un record pour des élections depuis le début de la Ve République, en 1958. Les bureaux de vote ont fermé à 20h.
«Je viens voter, mais ça ne sert à rien. Voter pour la présidentielle, d'accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats? Aucune idée.»
Hugues Hubert, 66 ans, à Strasbourg
Succès des partis traditionnels
Ce second tour a confirmé l'échec des partis de Marine Le Pen (droite radicale et populiste) et d'Emmanuel Macron (En Marche, parti au pouvoir) et le sursaut des partis traditionnels installés de longue date dans le paysage politique local.
Tous les présidents de régions sortants ont été réélus, sept pour la droite qui apparaît vainqueur, et cinq pour la gauche en France continentale.
- L'extrême droite (Rassemblement national, RN) de Marine Le Pen ne remporte pas la seule région pour laquelle il avait une chance, celle de Provence-Alpes Côte d'Azur (Paca, sud-est). Cette région reste à la droite (Les Républicains, LR), soutenue par la gauche, dans la tradition du «front républicain» que les partis traditionnels suivent depuis des décennies pour empêcher le RN de remporter des élections.
- Du côté de la majorité présidentielle (La République en marche, LREM), la journée est également maussade avec, comme prévu, aucune région gagnée. C'est une «déception pour la majorité présidentielle», a admis Stanislas Guerini, le délégué général de LREM.
Ces deux partis manquent d'ancrage territorial par rapport à la droite ou la gauche modérée, alliée à l'extrême gauche et aux écologistes. Ces partis «traditionnels» avaient un peu disparu du paysage médiatique ces dernières années, après l'élection surprise du centriste Emmanuel Macron à la présidence en 2017, ayant grignoté tant l'électorat de droite que de gauche.
Quel impact pour les élections présidentielles?
Plusieurs ténors de la droite vont désormais prendre le vent de leur victoire aux régionales pour affirmer que les cartes de la présidentielle peuvent être rebattues alors que les sondeurs prédisent une finale Macron/Le Pen.
A droite:
«Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois. Le match à deux a du plomb dans l'aile», a estimé Xavier Bertrand, ancien ministre de droite, vainqueur dans la région des Hauts-de-France (Nord) et déjà candidat pour 2022, dans le journal Les Echos. La gagnante de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (droite), et celui de la région Auvergne-Rhône Alpes (centre), Laurent Wauquiez (droite), vont aussi se positionner. «Une équipe de France de la droite et du centre a émergé, j'y prendrai toute ma part», a prévenu Pécresse.
A gauche:
En face, les sortants de gauche l'emportent aussi dans plusieurs régions avec des alliances entre socialistes, écologistes (EELV) et Insoumis (extrême gauche). Mais aucun des élus de dimanche n'est sur les rangs pour concourir à la présidentielle et les chefs des partis ne sont pas d'accord pour une candidature unique. «Il y a une gauche qui est en train de reconquérir un espace», a estimé le secrétaire national du PS Olivier Faure.
Les analystes restent prudents
Ce retour en force du clivage gauche/droite doit toutefois être analysé avec prudence et rien ne dit que le duel Macron/Le Pen pour la présidentielle sera remis en cause.
«Les partis traditionnels bénéficient du grand maillage territorial qu'ils ont maintenu. Le clivage gauche/droite persiste au niveau des institutions locales mais n'a pas de traduction pour l'instant au niveau national.»
Jérôme Sainte-Marie, le président de l'institut de sondage Pollingvox
(ats/jah)
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