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Présidentielle 2022: Les Verts français vers une défaite en toute beauté

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Image: keystone
Présidentielle 2022

Les Verts français choisiront-ils celle qui les fera perdre en beauté?

Qui de Yannick Jadot ou de Sandrine Rousseau représentera les Verts français à la présidentielle de 2022? Réponse le 28 septembre. Joints par watson, des élus écologistes suisses font part de leur préférence.
22.09.2021, 19:5223.09.2021, 17:01
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Forts de leur percée aux dernières élections municipales, l’emportant dans de grandes villes bourgeoises comme Lyon ou Bordeaux, les écologistes français créeront-ils la surprise l’an prochain à la présidentielle? Avec Eric Zemmour, ils sont ces jours-ci au centre de l’actualité; mobilisés par la primaire devant désigner celui ou celle qui représentera Europe Ecologie Les Verts (EELV), leur parti, dans la course à l’Elysée. Ils seront fixés le 28 septembre, au terme du deuxième tour de ce scrutin interne, ouvert cette année à toute personne ayant signé une charte des valeurs écologistes.

«Moi, par exemple, je vis avec un homme déconstruit»

Le premier tour, où concouraient cinq candidats, dont deux femmes, a rendu son verdict le 19 septembre. Arrivé en tête avec 27,70% des voix, Yannick Jadot affrontera Sandrine Rousseau, créditée de 25,14% des suffrages. Une opposition de styles, de visions, de sexes. Jadot passe pour un universaliste bon teint. Rousseau ne cache pas son attrait pour la pensée woke prônant la «déconstruction des privilèges de races et de genres», dont jouiraient les hommes blancs hétérosexuels – «moi, par exemple, je vis avec un homme déconstruit et j'en suis très heureuse», a-t-elle déclaré mercredi soir dans un débat l'opposant à Yannick Jadot sur la chaîne LCI.

En observateur pas si lointain, le Neuchâtelois Fabien Fivaz, élu Vert au Conseil national, pose trivialement l’enjeu de la primaire EELV: «C’est simple, les votants ont le choix entre un candidat qui fera 15% au premier tour de la présidentielle et une candidate qui fera 3%».

Dure raclée

Fabien Fivaz est un peu trop généreux. Les derniers sondages accordent 6% à Jadot et 2% à Rousseau. Une raclée pour l’un comme pour l’autre.

L’électorat écologiste français semble n’accorder que peu d’importance à ces considérations comptables, centrales pour la plupart des formations politiques. Il avait surpris le grand public en désignant l’incorruptible Eva Joly plutôt que le bankable Nicolas Hulot comme candidate à la présidentielle de 2012. Qui, avec 2,31% des voix au premier tour, avait réalisé un piètre résultat.

Le parti avait-il voulu se rattraper quatre ans plus tard? En 2016, la primaire, qui n’était accessible qu’aux militants, avait sorti de son chapeau le fringant Yannick Jadot, un faux air d’acteur américain. Las, il s’était retiré sans combattre de la course à la présidentielle de 2017, après avoir conclu un accord avec le candidat socialiste Benoît Hamon, 6,35% seulement au premier tour…

Moqueries

Perdu pour perdu (les mauvais sondages), les 122 000 participants à la primaire EELV seront peut-être tentés de voter Rousseau au second tour. Les réserves de voix de Jadot seraient faibles. L’homme avait pourtant cru en un destin national en arrivant troisième, avec 13,47% des voix (enfin un score à deux chiffres pour un écologiste) aux élections européennes de 2013.

Se définissant comme «écoféministe», Sandrine Rousseau a fait rire à ses dépens durant la campagne de cette primaire. A la mort de Jean-Paul Belmondo, elle (ou son community manager) a produit un tweet bizarrement troussé:

A la Fête de l’huma, à l’origine rencontre annuelle des communistes français, elle s’est affichée avec deux militants indigénistes bien connus, indignant la gauche universaliste:

Sandrine Rousseau se sait clivante. Elle assume sa «radicalité», comme ce 20 septembre au micro de France Inter, estimant que le temps, celui qui passe et celui qu’il fait, ne souffre plus les demi-mesures:

Le même jour, au micro de la même station, son adversaire Yannick Jadot, un ancien de Greenpeace qui traîne une réputation de social-démocrate, de mou donc, ne souhaitant pas apparaître en reste, a revendiqué à son tour sa radicalité: «J’ai arraché des organismes génétiquement modifiés (OGM)», a-t-il rappelé comme on témoigne d’un fait d’arme:

La primaire écologiste française divise les Verts romands, ou les laissent indifférents – «Je n’ai pas du tout suivi», confie une conseillère nationale. Si elle devait choisir, la conseillère nationale vaudoise Léonore Porchet donnerait sa voix à Sandrine Rousseau, convaincue par le profil écoféministe de la candidate à la primaire EELV.

«L’écologie n'est pas que de l’environnementalisme. Ce n’est pas seulement protéger l’environnement pour les riches. C’est une pensée qui conçoit l’écologie comme un écosystème. Il s’agit à la fois de combattre l’exploitation des humains et l’exploitation des ressources naturelles. Et chez les humains, les premières victimes de l’exploitation sont les femmes et les personnes racisées, non-blanches»
Léonore Porchet, conseillère nationale Les Vert.e.s (VD)

«Cette primaire EELV, c'est du flan»

Elu Vert au Grand-Conseil genevois depuis 2009, professeur et directeur de recherche en biologie appliquée à l'agronomie (en vue de remplacer les pesticides), François Lefort prend le contrepied de la conseillère nationale vaudoise:

«Je choisirais Jadot, clairement. L'écologie doit être réaliste. Le programme de Rousseau est infaisable. Celui de Jadot tient la route tant dans le domaine de l'agriculture que dans celui de la transition énergétique. De toute façon, cette primaire EELV, c'est du flan. Tous ceux qui le voulaient ont pu s'y inscrire. Ce qui veut dire que parmi les inscrits, des partisans d'Anne Hidalgo, la candidate socialiste, auront tout intérêt à voter Rousseau, très basse dans les sondages, pour donner plus de chances à Hidalgo au premier tour de la présidentielle»
François Lefort, député Vert au Grand-Conseil genevois

Réalos ou fundis?

Le vieux débat qui agitait l'écologie allemande entre réalos et fundis dans les années 80, est toujours d'actualité en France. «En Suisse», note Fabien Fivaz, le conseiller national vert neuchâtelois, «ce débat a été en quelque sorte tranché par la création des Verts'libéraux. Si bien que nous, les Verts, sommes débarrassés du dilemme entre croissance et décroissance. Notre camp est davantage celui de la décroissance. Nous sommes à gauche».

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