La COP30 aboutit à un accord: voici ce qui concerne la Suisse
Jusqu'à la dernière minute de la COP30 au Brésil, les diplomates ont tenté d’arracher un consensus entre les 194 pays présents. Comme le raconte l’ambassadeur suisse pour l’environnement, Felix Wertli:
La COP avait été prolongée d’un jour et, dans la journée de samedi, un accord a finalement pu être trouvé.
Sur quoi les Etats ont-ils pu se mettre d’accord?
Felix Wertli explique:
L'ambassadeur suisse pour l'environnement parle néanmoins d’un «résultat solide» compte tenu du contexte géopolitique. Il poursuit:
Au total, cent vingt pays ont soumis leurs objectifs climatiques et des mécanismes ont été mis en place pour accélérer leur mise en œuvre. Les financements alloués à l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques ont triplé. Cependant, la Suisse n’est pas nécessairement tenue d’augmenter sa contribution.
Est-ce que cela touche la Suisse?
Il est désormais prévu qu’une part minimale des objectifs de financement soit consacrée aux mesures d’adaptation. Or, près de 50% des fonds suisses y sont déjà affectés, un niveau supérieur à la moyenne. Cette modification aura donc peu d’impact pour la Suisse.
La Suisse a signé deux nouveaux accords. Elle a également lancé, avec l’Allemagne, la Norvège, la Suède et six autres Etats, l’«Alliance d’ambition article 6». Ses membres envisagent de financer des projets climatiques sans comptabiliser les réductions d’émissions obtenues dans leurs propres contributions déterminées au niveau national.
Sur quoi les Etats n'ont-ils pas pu s'entendre?
Pour marquer les dix ans des accords de Paris, la COP30 visait des résultats ambitieux. Première conférence climatique tenue en zone de forêt tropicale, elle voulait également marquer le coup. Il s'agissait notamment d'adopter deux feuilles de route, l'une pour stopper la destruction des forêts tropicales d'ici 2030, et l'autre pour l'abandon progressif des énergies fossiles. 82 pays, soit un peu moins de la moitié, ont accepté d'y participer.
La Colombie a au moins pris les choses en main, et annoncé pour le mois d’avril prochain une conférence consacrée exclusivement à la sortie des combustibles fossiles. De plus, la présidence de la COP, désormais assurée durant un an par le Brésil, a indiqué vouloir établir une base scientifique afin de soumettre à nouveau la feuille de route au plénum des Etats de l’ONU dans un an, avec des connaissances plus solides.
Qui a bloqué les accords?
Lors d’une conférence de presse, le conseiller fédéral Albert Rösti a déclaré:
Des Etats pétroliers comme l’Arabie saoudite se sont, une fois de plus, opposés aux textes. L’Inde, la Russie ou encore la Chine ne voulaient pas non plus de la feuille de route pour la sortie des émissions fossiles.
Que vaut l'accord pour la Suisse?
Albert Rösti a expliqué à CH Media (éditeur de watson) que la feuille de route pour la décarbonisation aurait été un souhait de la Suisse. Le conseiller fédéral a passé deux jours à la conférence de Belém afin de renforcer la position de négociation de la délégation suisse. Celle-ci n'augmentera son financement que si tous les autres pays participent.
Selon Albert Rösti, le pays contribue déjà de manière supérieure à la moyenne. Sans obtenir en retour un engagement clair des autres Etats à sortir des combustibles fossiles, la Suisse n’aurait aucune raison d’allouer encore plus de fonds. La hausse des dépenses pour l’armée, les infrastructures ou le social pèse déjà suffisamment sur le budget de l’Etat.
Que disent les ONG suisses?
Le WWF juge les compromis obtenus à la COP 30 extrêmement faibles:
Pour Alliance Sud, le centre suisse de compétences en politiques de développement regroupant plusieurs ONG, le bilan est «modeste». La COP30 aura au moins permis d’adopter un mécanisme pour une transition énergétique équitable. Les mesures de protection du climat doivent être socialement justes, souligne Alliance Sud.
La déclaration adoptée lors de la COP30 appelle à tripler l'aide financière aux pays en développement pour s'adapter au changement climatique. Alliance Sud exige le recours à des fonds publics:
Qu'est-ce que la Suisse à fait à Belém?
La Suisse était le seul pays à ne pas disposer d’un pavillon dans la zone bleue de la conférence climatique de l’ONU. Elle a préféré se tourner vers la nature. Dans le jardin zoobotanique de Belém, créé il y a plus de 100 ans et dirigé à l’époque par Emil Göldi, originaire du Toggenburg saint-gallois, l’ambassade de Suisse a installé avec le réseau d’innovation Swissnex la «Planetary Embassy».
Pour présenter cette démarche, l’ambassadeur de Suisse, Hanspeter Mock, a expliqué:
Depuis deux ans, la Suisse préparait au Brésil sa participation à la COP30 dans le cadre de sa «Road to Belém». Des expositions ont vu le jour et Swissnex a accompagné 30 start-up locales en lien avec la Suisse durant la conférence.
L’ambassade prévoit désormais de faire restaurer l’ancienne maison d’habitation d’Emil Göldi et de la mettre à disposition comme musée et centre de recherche. Le projet est confié au prestigieux bureau d’architectes bâlois Herzog & de Meuron, et sera financé par des fondations et des entreprises comme UBS. Le message est clair:
Traduit de l'allemand par Joel Espi
