Résultat? Deux dents cassées, le nez facturé et une blessure à la lèvre. Silvio Berlusconi a été salement amoché en 2009 à la sortie d'un meeting. Franchement, si vous voulez lancer quelque-chose sur un politicien, ne choisissez pas une cathédrale. Même s'il s'agit d'une réplique miniature de celle de Milan.
Et comme on n'est jamais déçu par l'espèce humaine, les ventes de minicathédrales ont explosé suite à l'incident. L'ancien chef du gouvernement italien, lui, s'est consolé en gagnant trois points dans les sondages.
C'est sans doute le jet d'objets le plus célèbre du 21e siècle. Le 14 décembre 2008, lors d'une conférence de presse, le journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi lance ses deux chaussures sur le président américain Georges W. Bush. Mais celui-ci les évite avec facilité, sans se départir de son sourire. Sauf qu'on ne rigole pas avec le lancer d'objets en Irak: le journaliste sera condamné à un an de prison.
En 1997, alors maire de Neuilly-sur-Seine, Nicolas Sarkozy a été la cible de l'une des attaques à la tarte à la crème les mieux organisées de tous les temps. En visite au Palais des congrès de Bruxelles, le futur président se fait d'abord entarter par une femme qui lui demande un autographe.
Sarko se réfugie dans un ascenseur et monte au deuxième étage où l'attend un complice avec une nouvelle tarte. Le politicien redescend donc au rez-de-chaussée où il se retrouve nez-à-nez avec une autre entarteuse. Après plusieurs voyages en ascenseur, Nicolas Sarkozy finit par se réfugier auprès de ses gardes du corps.
Se croyant tiré d'affaire, l'élu se rend aux toilettes pour se débarbouiller. Au moment où il quitte les WC, tout propre, une vingtaine de personnes lui balancent de la crème chantilly avant de s'enfuir. Le futur président retourne donc se laver mais, quand il ressort des cabinets, il se fait une nouvelle fois entarter par le cameraman chargé de filmer l'événement. On comprend mieux sa lubie de vouloir tout «nettoyer au Karcher».
De toute évidence, la pratique du tir aux politiciens ne date pas d’hier. En l'an 63, déjà, le futur empereur romain Vespasien est victime de jets de raves alors qu'il est chahuté par une foule mécontente en Afrique du Nord. Et même s'il y a peu d'informations sur l'événement, la légende raconte que le Vespasien aurait demandé au médecin qui pansait ses plaies: «C'est rave docteur?»
La Suisse a aussi connu son lot de tartes à la crème. En 2012 à Genève, c'est l'ex-présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey qui se faisait entartrer par un dénommé Eric Dougoud. Un acte visiblement lié à l'affaire de la banque cantonale de Genève qui avait été gérée par l'ancienne conseillère fédérale. Vu la violence du choc, on se demande si la tarte ne servait pas juste à camoufler un coup de poing.
Justin Trudeau doit avoir une sacrée bonne étoile. En 2019, en pleine marche pour le climat, le Premier ministre canadien est pris pour cible par un individu qui balance une douzaine d'œufs dans sa direction, sans jamais réussir à l'atteindre. Repéré dans la foule, l'assaillant est plaqué sans ménagement au sol par le service de sécurité. Rassurez-vous, ses lunettes n'ont pas été abimées dans la bagarre. Il les avait de toute évidence oubliées à la maison.
Déjà, bravo pour l'originalité 👏. On a beau chercher, des politiciens qui se font balancer de la choucroute au visage, ce n'est pas arrivé souvent. C'est pourtant bien d'un jet de chou dont a été victime Vladimir Jirinovski, président du Parti libéral-démocrate russe en janvier 2013. Son assaillante a justifié son geste en le traitant d'ukrainophobe. Mais quel rapport avec la choucroute?
Il y a ceux qui s'énervent et il y a José Bové. Victime d'une attaque à la crème en 2007, le politicien à la moustache a préféré en rire. D'abord surpris, le Vert finit par sourire et applaudir son agresseur.
D'autres élus ont également tenté de garder la face grâce à l'humour. Enfariné en 2017, en pleine campagne présidentielle, François Fillon lance: «J’espère au moins que la farine était française!». Victime du même type d'attaque en mai dernier, l'Alsacien Jean Rottner réplique: «J’en garde un peu pour mon Kougelhopf et mes bretzels.»
Voilà une attaque typiquement suisse. En 2019, les deux UDC Christoph Mörgeli et Roger Köppel ont été chassé à coups de milkshake d'un café zurichois. Un guet-apens revendiqué par la Jeunesse révolutionnaire de la ville qui reproche notamment au quotidien de droite Weltwoche d'utiliser l'endroit pour tenir ses séances de rédaction. Les deux politiciens n'ont pas souhaité porter plainte. Normal, tout le monde sait que le lait, c'est bon pour la peau.