La Suisse siège au Conseil de sécurité de l'ONU jusqu'à la fin de l'année. Une fois cette mission terminée, elle pourrait s'attaquer à un nouveau défi de taille sur la scène diplomatique.
En effet, la Suisse est pressentie pour prendre la présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour l'année 2026. Une personne proche des dossiers de l'OSCE confirme que les discussions à ce sujet durent depuis des mois.
Les dirigeants du Parlement et des organes compétents ont également été informés d'une éventuelle présidence suisse de l'OSCE:
Interrogé à ce sujet, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) confirme, mais reste prudent:
Une décision formelle n'a pas encore été prise: «Une éventuelle candidature à la présidence de l'OSCE devrait être décidée par le Conseil fédéral». Il n'y a pas d'indications sur le calendrier. Le DFAE écrit toutefois qu'il suit attentivement les développements. Et d'ajouter:
L'OSCE est l'organisation qui a succédé à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Sa création à Helsinki en 1975 a été un signe important de détente entre l'Ouest et l'Est pendant la guerre froide.
Aujourd'hui, la Conférence des Etats compte 57 membres, notamment les Etats européens et post-soviétiques, les Etats-Unis et le Canada. L'organisation, dont le siège est à Vienne, est l'un des derniers forums internationaux où la Russie, l'Ukraine et leurs alliés sont assis à la même table.
Mais la guerre contre l'Ukraine a laissé des traces au sein de l'OSCE. Les tensions avec la Russie compliquent les processus de prise de décision déjà exigeants. Les règles de l'OSCE exigent l'unanimité des 57 Etats membres pour les questions les plus importantes.
Le fonctionnement de l'OSCE s'en trouve affecté. Ainsi, la nomination des principaux responsables de l'organisation, dont le ou la secrétaire général·e, est régulièrement bloquée par des querelles. Lors de la réunion de deux jours du Conseil ministériel de l'OSCE à Malte la semaine dernière, un accord sur les nouveaux dirigeants n'a été trouvé qu'à la dernière minute.
Lors de la déclaration finale, le président sortant de l'OSCE, le ministre des Affaires étrangères maltais Ian Borg, a encouragé les personnes intéressées par la présidence 2026 à présenter leur candidature «dès que possible». Le département des Affaires étrangères ne révèle pas pourquoi le Conseil fédéral hésite encore. Une personne de référence, qui a gardé l'anonymat par respect pour les discussions internes à l'administration, affirme:
La Suisse a assuré la présidence de l'OSCE pour la dernière fois en 2014, lorsque la Russie a occupé la Crimée et que le conflit armé a commencé dans l'est de l'Ukraine. L'OSCE, sous la présidence de la Suisse, a apporté une contribution importante à l'apaisement temporaire de la situation. En tant que président de l'OSCE, Didier Burkhalter, alors ministre des Affaires étrangères et président de la Confédération, a rencontré à deux reprises le président russe Vladimir Poutine.
Le ministre des Affaires étrangères de Poutine, Sergueï Lavrov, a profité de son intervention au sommet de l'OSCE à Malte la semaine dernière pour présenter le gouvernement ukrainien comme un régime néonazi et accuser l'Occident d'être responsable de la guerre en Ukraine.
Un véritable dialogue avec la Russie n'est pas possible actuellement au vu d'une telle rhétorique, selon le conseiller aux Etats du centre Daniel Fässler. Mais il est important que le «fil fin du dialogue» ne soit pas rompu dans le cadre de l'OSCE:
Si cela devait effectivement se produire, le DFAE organiserait une réunion du Conseil des ministres - et inviterait également le ministre russe des Affaires étrangères, conformément à l'usage. Il est donc bien possible que Sergueï Lavrov prononce un discours incendiaire en Suisse en 2026.
Traduit et adapté par Chiara Lecca