On a tendance à l'oublier, mais la Russie est militairement active sur d'autres fronts que l'Ukraine. Et elle vient de le rappeler au monde entier.
Pour rappel, le 30 septembre 2015, la Russie a déclenché une intervention en Syrie, en soutient au régime du président Bachar el-Assad. Aujourd'hui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’aviation russe mène encore des raids contre des positions du groupe Etat islamique dans le centre du pays, malgré les rumeurs d'un allègement de la présence militaire russe sur place, en raison de la guerre en Ukraine.
L'influence du Kremlin reste donc forte. En particulier, dans la région d'Idleb et d'Alep au nord-est de la Syrie – dernier bastion aux mains des djihadistes – plus de quatre millions de déplacés ont d'ailleurs failli ne plus avoir d'aide humanitaire acheminée à cause de la Russie.
La région, transfrontalière avec la Turquie, est la seule qui n'est pas contrôlée par le régime de Bachar el-Assad. Depuis 2014, un dispositif transfrontalier de l’ONU est en vigueur et vient en aide – via le point de passage de Bab al-Hawa – à plus de 2,4 millions de personnes sur place.
Mais voilà: vendredi 8 juillet, après l'expiration de l'autorisation onusienne, la Russie a posé son veto pour que ce point de passage reste ouvert, refermant ainsi le robinet de l'aide humanitaire pour des millions de personnes.
Arte s'est rendu sur place. Dans son reportage, la chaîne interview Mohammed Hobayti, un déplacé:
Arte précise en effet que sans l'aide acheminée, les gens n'auront plus de nourriture, plus d'eau, plus de soins médicaux. C'est une catastrophe humanitaire qui attend des millions de déplacés.
Sans solution de l'ONU, le régime de Damas, soutenu militairement par la Russie, se retrouverait alors maître de la région.
L'AFP annonce, toutefois, que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, mardi 12 juillet, une résolution prévoyant un prolongement de six mois, jusqu'au 10 janvier, du mécanisme d'aide transfrontalière à la Syrie. Cette durée limitée a été imposée par la Russie, alors que tous ses partenaires voulaient un an.
Le texte a été adopté par 12 voix sur 15, celles de la Russie, de la Chine et des dix membres non permanents du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France se sont abstenus pour marquer leur désaccord avec une durée qu'ils jugent insuffisante pour planifier correctement l'acheminement de l'aide.
Un ambassadeur, qui demande à rester anonyme, s'est exprimé:
D'après Arte, plus de 4600 camions ont traversé le passage cette année. Si aucun accord n'avait été trouvé, les déplacés auraient pu survivre encore un mois maximum avec les stocks sur place, avant de se retrouver sans aucune ressource. (ag)