Déterminés à «garder le cap de la loi islamique», les talibans ont célébré mercredi le 3e anniversaire de leur reconquête de l'Afghanistan avec un défilé militaire dans une ancienne base américaine et des festivités et concerts de klaxons à Kaboul.
Le défilé militaire a eu lieu durant plus d'une heure dans l'ex-base de Bagram - l'ancien centre névralgique des opérations contre l'insurrection talibane - à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul, en présence des hauts responsables talibans.
Un ballet d'hélicoptères et d'avions de combat a survolé la procession de dizaines de véhicules militaires d'origine soviétique ou récupérés par les talibans aux forces américaines et à l'armée afghane lors de leur victoire éclair il y a trois ans.
Une longue file de lance-roquettes multiples BM-21 Grad soviétiques, de camions ZIL-135 et de transports de troupes a défilé devant les tribunes fleuries où se trouvaient, parmi des centaines d'invités, quelques diplomates chinois et iraniens. De l'artillerie lourde mobile et des chars soviétiques T-54 se sont joints au défilé.
Les talibans ont aussi fait défiler des motards enturbannés qui transportaient les emblématiques bidons jaunes avec lesquels ils ont mené tant d'attentats meurtriers à l'explosif durant leur longue insurrection.
Dans un message lu à l'assistance, le Premier ministre afghan Mohammad Hassan Akhund a promis de «garder le cap de la loi islamique».
Les célébrations se sont ensuite déplacées à Kaboul, dans le stade de Ghazi, où des centaines d'hommes portant des casquettes et des T-shirts blancs ont fait des démonstrations de sports de combat ou de cyclisme.
«L'indépendance apporte de la joie au peuple», a assuré à l'AFP Khalid Hotak, 30 ans, un pratiquant de wushu, un art martial. «La sécurité est là. C'est ça la liberté».
Aucune femme ne participait aux festivités. Les talibans ont multiplié en trois ans les mesures liberticides contre celles-ci, restreignant fortement leur accès au monde du travail et à l'éducation.
Mais à Kaboul, dont les avenues et ronds-points étaient pavoisés de milliers de grands drapeaux blancs et noirs de l'Emirat islamique, des foules d'hommes ont célébré cet anniversaire dans la liesse.
Pour Human Rights Watch, cet anniversaire «est un sombre rappel de la crise des droits humains en Afghanistan».
Le rapporteur de l'ONU pour les droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, s'est joint à un communiqué de 29 autres experts en droits humains qui exhortent la communauté internationale à «ne pas banaliser les autorités de facto ou leurs épouvantables violations des droits humains».
Le gouvernement taliban n'est toujours reconnu par aucun pays. Malgré cela, Kaboul a enregistré des gains diplomatiques en nouant des relations avec les pays voisins, ainsi que la Chine et la Russie, et a ouvert un dialogue avec l'Occident en participant en juin, pour la première fois, aux discussions de Doha. (jch/ats)