Le rover Perseverance a atterri sur le sol martien après sept mois de voyage, a annoncé jeudi la Nasa. Cette réussite éclatante pour l'agence spatiale américaine marque le début d'une mission de plusieurs années.
«Atterrissage confirmé!», s'est exclamée Swati Mohan, en charge du contrôle des opérations au Jet propulsion laboratory, à Pasadena en Californie, rapidement rempli des cris de joie des équipes présentes dans la salle de contrôle.
La Nasa a immédiatement communiqué une photo prise par le rover sur place. «Bonjour le monde. Ma première vue sur la maison qui sera la mienne pour toujours", a tweeté le compte officiel du rover pour accompagner l'extraordinaire image en noir et blanc, sur laquelle on peut voir l'ombre du véhicule projetée au sol.
Hello, world. My first look at my forever home. #CountdownToMars pic.twitter.com/dkM9jE9I6X
— NASA's Perseverance Mars Rover (@NASAPersevere) February 18, 2021
La manoeuvre était ultra-périlleuse et le site d'atterrissage, le cratère de Jezero, le plus risqué jamais tenté, en raison de son relief. Après être entré dans l'atmosphère martienne à 20 000 km/h, les frictions avec l'air ont fait monter la température du vaisseau jusqu'à 1300°C.
Le rover était protégé par un bouclier thermique, qui n'a été largué qu'après l'ouverture d'un immense parachute supersonique. Huit rétrofusées ont fini de le ralentir avant qu'il ne déploie ses six roues, suspendu le long de câbles jusqu'au contact avec le sol.
Pour la première fois, la mission «Mars 2020» de l'agence spatiale américaine a comme but explicite de trouver des traces de vie ancienne sur la planète rouge, en collectant pendant plusieurs années jusqu'à une trentaine d'échantillons de roche.
Les tubes scellés devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d'être analysés et de peut-être enfin pouvoir répondre à «l'une des questions qui nous habitent depuis des siècles, à savoir: sommes-nous seuls dans l'univers?», a souligné Thomas Zurbuchen, administrateur associé pour la science à la Nasa.
Preuve que la mission est également le fruit d'une coopération internationale: le président français Emmanuel Macron, dont le pays a conçu l'un des nombreux instruments scientifiques du rover, a assisté à l'atterrissage au siège parisien du Centre national d'études spatiales (Cnes).
Les chercheurs pensent que le cratère de Jezero abritait, il y a 3,5 milliards d'années, un profond lac d'environ 50 km de large. «Nous avons de très fortes preuves que Mars aurait pu abriter de la vie dans un lointain passé», a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse Ken Williford, responsable adjoint de la mission.
Les premiers prélèvements devraient commencer cet été. Plusieurs trajets sont envisagés afin de creuser dans différents milieux, notamment le rivage de l'ancien lac, et le delta formé par une rivière qui s'y jetait.
Les scientifiques cherchent ce qu'ils appellent des biosignatures: des traces de vie microbienne qui «peuvent prendre toutes sortes de formes», par exemple «chimiques" ou de «modifications de l'environnement», a expliqué Mary Voytek, directrice du programme d'astrobiologie pour la Nasa. «Nous, astrobiologistes, rêvons de cette mission depuis des décennies", s'est-elle enthousiasmée.
Les premiers mois de la mission ne seront toutefois pas consacrés à ce premier objectif. Des expérimentations parallèles sont prévues.
La Nasa veut notamment prouver qu'il est possible de faire voler un engin motorisé sur une autre planète. Un hélicoptère, baptisé Ingenuity, devra arriver à s'élever dans un air d'une densité équivalente à 1% de celle de l'atmosphère terrestre. Deux micros pourraient également, pour la première fois, enregistrer du son martien.
La Nasa fera aussi l'expérience de production d'oxygène directement sur place, grâce à un instrument de la taille d'une batterie de voiture fonctionnant un peu comme une plante, en aspirant le dioxyde de carbone de l'atmosphère martienne. Cet oxygène pourrait servir à de futurs colons humains pour respirer, mais aussi de carburant.
Depuis le premier rover ayant foulé le sol martien, en 1997, tous sont américains, et l'un d'eux, Curiosity, est toujours en activité. Mais, la Chine a récemment placé sa sonde «Tianwen-1» en orbite autour de Mars, contenant un robot téléguidé qui devrait tenter d'atterrir vers mai. (ats/afp/ga)