Avant même que vous ayez décidé de cliquer sur «envoyer», des milliers de sites internet savent déjà ce que vous tapez dans leur formulaire en ligne. C'est en tout cas ce que vient de démontrer une étude récente.
D'après Le Temps, des chercheurs des universités KU Leuven de Louvain (Belgique), Radboud de Nimègue (Pays-Bas) et de Lausanne ont réussi à prouver que des milliers de sites espionnent les internautes.
Selon eux, ces sites observent en continu tout ce que tapent leurs utilisateurs, notamment dans des formulaires en ligne. Une forme de «surveillance en direct» de la part de plusieurs acteurs mal intentionnés.
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont créé un logiciel qui imite le comportement d’un utilisateur humain, en remplissant des formulaires d'achat en ligne ou des inscriptions à des newsletters par exemple. Les chercheurs ont ainsi pu analyser le comportement des 100 000 sites web les plus consultés.
Depuis l'Union européenne (UE), au moins 1844 sites web ont recueilli les adresses électroniques de leurs utilisateurs sans leur consentement. Aux Etats-Unis, même constat, avec plus de 2950 sites fonctionnant de cette façon.
Parmi ces sites, l’on trouve notamment plusieurs sites d'actualité ou d'achat en ligne, comme Usatoday.com, Trello.com, Independent.co.uk, Shopify.com, Marriott.com ou encore Newsweek.com.
Selon les chercheurs, ces sites n'ont pas l'intention d'espionner eux-mêmes leurs utilisateurs, mais intègrent des services de marketing et d'analyse tiers qui en sont responsables.
Contacté par Le Temps, Mathias Humbert, professeur associé au Département des systèmes d’information (DESI) des Hautes études commerciales (HEC) à l’Université de Lausanne (Unil) et l’un des quatre auteurs de cette étude, affirme que:
Selon Mathias Humbert, c'est parce que de nombreux internautes ne vont pas au bout des formulaires en ligne qu'il est nécessaire de s'emparer de leurs données avant qu'ils abandonnent: «Une étude a démontré que 81% des utilisateurs avaient abandonné un formulaire en ligne au moins une fois, dont 59% au cours du dernier mois».
Le chercheur note par ailleurs que «ces données sont non seulement collectées par les sites web, mais elles sont également partagées avec des services tiers qui font du online tracking et de la publicité ciblée, entre autres».
Pour Mathias Humbert, il faut faire attention à ce que l'on tape sur les formulaires en ligne et bien s'assurer de vraiment vouloir s'inscrire à telle ou telle newsletter avant de fournir une quelconque information. Un problème qui mériterait davantage d'attention de la part des développeurs web, selon les auteurs de l'étude. (arz)