Pendant 18 ans, il avait terrifié les Etats-Unis avec ses attentats aux colis piégés, avant d'être arrêté grâce à son frère: Ted Kaczynski, alias «Unabomber», est mort samedi en prison, à 81 ans.
«Theodore John Kaczynski a été retrouvé inconscient» samedi vers 00h25 au Centre médical fédéral de Butner (Caroline du Nord), un établissement pénitentiaire où il avait été transféré en 2021 depuis la prison de haute sécurité de Florence (Colorado), a indiqué le Bureau fédéral des prisons. Il a reçu des soins d'urgence, mais a été déclaré mort à l'hôpital.
De 1978 à 1995, ce natif de Chicago au parcours atypique, mathématicien brillant devenu ermite dans une cabane du Montana, avait terrorisé le pays en envoyant seize bombes, dissimulées dans des colis postaux, à diverses personnes et entreprises, faisant au total trois morts et 23 blessés. Sa traque, qui s'était achevée en avril 1996, avait mobilisé des centaines d'agents de la police fédérale (FBI).
Elève surdoué, formé à la prestigieuse université d'Harvard, un temps professeur de mathématiques à l'université de Californie de Berkeley, Theodore Kaczynski s'était lancé dans une croisade contre le progrès et la technologie. Il fabriquait ses bombes depuis sa cabane sans eau courante ni électricité.
Ses premières cibles sont des universitaires et des compagnies aériennes, ce qui vaut à l'assassin le surnom d'«Unabomber» (pour «University and Airline Bomber»). En 1985, le propriétaire d'un magasin d'informatique californien est tué par les éclats d'une bombe laissée sur sa place de stationnement.
De 1987 à 1993, «Unabomber» ne fait plus parler de lui. En 1994, un publicitaire âgé de 50 ans est tué en ouvrant un paquet piégé envoyé à son domicile du New Jersey. Puis en avril 1995, le président de l'Association californienne des Eaux et Forêts est tué en ouvrant un paquet envoyé au quartier général de l'organisation, à Sacramento.
En septembre 1995, promettant d'arrêter ses envois de bombes, le tueur obtient du New York Times et du Washington Post qu'ils publient un long manifeste de 35'000 mots, intitulé «La société industrielle et son avenir». Il y exprime sa haine de la technologie et du monde moderne et justifie sa campagne meurtrière.
En le lisant, un habitant de la côte est des Etats-Unis, David Kaczynski, y voit une similarité avec d'anciens écrits de son frère Theodore, coupé de sa famille depuis des années. Il alerte alors le FBI et permet, en avril 1996, son arrestation par des dizaines d'agents qui cernent sa cabane.
Un diagnostic de schizophrénie paranoïaque n'avait pas empêché qu'il soit jugé puis condamné, en 1998, à la prison à vie, après avoir plaidé coupable. Les psychiatres avaient considéré qu'il pouvait être traduit devant un jury.
Au début d'un procès où l'accusation était menée par l'actuel ministre américain de la Justice, Merrick Garland, il a plaidé coupable pour éviter la peine de mort et a été condamné en 1998 à la prison à vie.
Selon le New York Times, Kaczynski avait maintenu en prison des correspondances postales avec des «milliers de personnes, journalistes, étudiants et partisans inconditionnels». (baf/ats)