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Pourquoi il faut désormais se méfier de Microsoft

June 19, 2017 - Washington, District of Columbia, United States of America - United States President Donald J. Trump (left) participates in an American Technology Council roundtable with corporate and ...
Le président du groupe Microsoft, Satya Nadella, a déjà tenté, dès le premier mandat de Trump, de s'attirer les bonnes grâces du président.image d'archive: imago-images.de

Pourquoi il faut désormais se méfier de Microsoft

S'attirer la colère du président américain Donald Trump peut entraîner des conséquences imprévues, comme le blocage de Microsoft 365. Pourtant, les plus grandes villes danoises montrent qu'il est possible d'éviter cette situation.
14.06.2025, 19:0914.06.2025, 19:10
Daniel Schurter
Daniel Schurter
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Les deux plus grandes villes du Danemark, Copenhague et Aarhus, ont choisi une voie que la plupart des responsables informatiques suisses redoutent: un retrait progressif et déterminé des produits Microsoft.

Un virage radical que leurs voisins allemands ont déjà amorcé, à l’image du Land du Schleswig-Holstein, bien décidé à se libérer de l’emprise du géant américain et à reprendre la main sur ses données.

Le journal danois Politiken précise les raisons avancées par les responsables pour justifier l'abandon des logiciels du leader du marché:

«Si les relations avec les Etats-Unis devaient se détériorer, il est à craindre que Microsoft soit contraint de tout arrêter»
Henrik Appel Espersen, président de la commission d'audit de Copenhague

L'initiateur, Henrik Appel Espersen, souligne:

«Ce risque est réel. Et si nous ne pouvons soudainement plus envoyer de courriels ou communiquer au sein de nos systèmes, nous serons en difficulté»

La principale inquiétude concerne ainsi la coupure arbitraire, voire le blocage, de services cloud essentiels par le fabricant Microsoft lui-même. Cette crainte est d'ailleurs fondée, comme l'a démontré le cas d'une institution internationale renommée survenu le mois dernier.

Que s'est-il passé?

A la mi-mai, l'agence de presse AP révélait que le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, n'avait plus accès à ses e-mails. Microsoft l'avait en effet exclu en raison des sanctions imposées par Donald Trump.

Le président américain a donné cet ordre car la Cour pénale internationale enquêtait sur le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, soupçonné de crimes de guerre dans la bande de Gaza. Selon cette mesure, toute personne, institution ou entreprise aux Etats-Unis risque des amendes, voire une peine de prison, si elle apporte un «soutien financier, matériel ou technologique» au procureur en chef de la Cour.

FILE - Karim Khan, Prosecutor of the International Criminal Court looks up prior to a press conference in The Hague, Netherlands, July 3, 2023. (AP Photo/Peter Dejong, File)
ICC Trump Sanctions
Karim Khan, juriste britannique de 55 ans, est le procureur en chef de la Cour pénale internationale.image d'archive: keystone

Le géant technologique américain Microsoft a réagi rapidement en bloquant la boîte mail de Khan. Ce dernier a alors opté pour le fournisseur suisse de messagerie cloud Protonmail, selon des informations obtenues par l'agence de presse auprès de sources proches.

Des collaborateurs et partenaires ont confirmé que les sanctions américaines compliquaient de plus en plus la capacité de la Cour pénale internationale à «accomplir ses tâches fondamentales». Selon le reportage de l'agence AP, les employés faisaient face à cette situation délicate avec un humour noir, plaisantant sur le fait qu'ils ne pourraient même plus prêter un stylo à Khan, de peur de se retrouver eux-mêmes dans le collimateur des Etats-Unis.

Et l'argent des contribuables?

Au Danemark, la ville d'Aarhus a avancé des arguments similaires à ceux de Copenhague pour justifier sa décision de quitter progressivement Microsoft. Les responsables ont notamment exprimé leur inquiétude quant à la transmission de données sensibles vers les Etats-Unis.

D'après le journal Politiken, le responsable du service des technologies numériques de la ville d'Aarhus a déclaré qu'un prestataire allemand avait d'ores et déjà remplacé Microsoft au sein de l'administration municipale. Grâce à ce changement, les coûts annuels de son service pourraient être réduits de 800 000 couronnes (environ 100 000 francs) à 225 000 couronnes (30 000 francs).

En février dernier, le portail d'information danois spécialisé en informatique Version2 révélait que les dépenses des communes danoises liées à Microsoft avaient littéralement «explosé». Une enquête menée auprès de l'ensemble des municipalités du pays montrait que la principale cause de ce doublement des coûts était une augmentation des tarifs imposée par Microsoft.

«Année après année, nous avons dû dépenser beaucoup plus d'argent pour les licences Microsoft. Les augmentations de prix ont largement dépassé l'inflation générale»
Steen Vinderslev, commune de Middelfart

Selon le rapport, Microsoft refuse de divulguer des informations précises sur l'évolution des prix de ses produits cloud, tels qu'Office 365, au cours des six dernières années. L'entreprise américaine affirme toutefois proposer des tarifs «compétitifs et équitables». Cette argumentation n'a pas réussi à convaincre Henrik Brix, le responsable informatique de la commune:

«Beaucoup de ces éléments sont pertinents. Mais le recours aux toutes dernières fonctionnalités de Microsoft rendra-t-il réellement notre administration et la fourniture des prestations sociales beaucoup plus efficaces?»
source: version2.dk

La grande majorité des communes danoises acquiert les produits Microsoft via le service public. Et cela ne risque pas de changer de sitôt. Les responsables informatiques dénoncent un phénomène de «vendor lock-in», autrement dit une dépendance étroite à l'entreprise américaine, qui rendrait pratiquement impossible tout changement de fournisseur.

Le principal défi auquel doivent encore faire face les deux grandes villes danoises relève davantage de la psychologie: la majorité des employés municipaux aurait mal accueilli l'abandon de Microsoft.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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