International
Turquie

Elections en Turquie: les femmes redoutent le pire

epa10628791 Supporters wave flags and banners as Turkish President and presidential candidate Recep Tayyip Erdogan makes an address at the Justice and Development Party (AKP) headquarters, in Ankara,  ...
Des partisans brandissent des drapeaux et des bannières lors d'un discours de Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, en Turquie, le 15 mai 2023.Image: EPA

Les femmes turques redoutent le pire

Des militantes féministes lancent un appel aux électeurs avant le second tour décisif de ce dimanche. Elles craignent les conséquences d'une victoire des partis ultra-islamistes.
26.05.2023, 06:0828.05.2023, 12:01
Susanne Güsten, Istanbul / ch media
Plus de «International»

«Nous ne voulons pas devenir l'Iran ou l'Afghanistan», a déclaré Canan Güllü, présidente de la Fédération des associations féminines de Turquie. Deux partis ultra-islamistes sont candidats aux élections législatives en Turquie. Ils prônent la séparation des sexes dans la vie publique et l'abolition de la loi sur la protection contre la violence domestique.

Les deux partis ont réussi à entrer au Parlement grâce à des alliances de listes avec le parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

Avant le second tour de l'élection présidentielle de dimanche prochain, des artistes et des militantes féministes de renom lancent un appel désespéré aux électeurs turcs. «Nous avons encore une fois le choix entre les ténèbres et la lumière», peut-on lire dans l'appel signé par des dizaines d'écrivaines, d'actrices, de réalisatrices, de musiciennes et de militantes féministes.

«Moralité, chasteté, miséricorde et sacrifice»

Lors du second tour des élections de ce dimanche, les électeurs turcs devront choisir entre l'actuel président, Recep Tayyip Erdogan, et le candidat de l'opposition Kemal Kilicdaroglu. Tous deux n'ont pas obtenu la majorité requise de 50% au premier tour. Le Parlement élu simultanément est déjà au complet après le premier tour de scrutin du 14 mai.

Selon ces résultats, le camp du gouvernement composé de l'AKP et du parti nationaliste MHP conserve la majorité à l'Assemblée nationale et est renforcé par deux nouveaux partis: le Nouveau parti de la prospérité (YRP) de Fatih Erbakan, le fils de l'ancien premier ministre Necmettin Erbakan, et le Parti de la cause libre (Hüda-Par, en turc), la branche politique d'un groupe islamiste appelé Hezbollah, qui a terrorisé la région kurde dans les années 1990.

Les deux partis défendent des revendications ultra-conservatrices et islamistes en matière de politique féminine et familiale. Hüda-Par exige une séparation des sexes dans tous les domaines de la vie. Selon le programme électoral du parti, les services aux femmes – par exemple dans les domaines de l'éducation et de la santé – ne devraient plus être fournis que par des employées féminines. Les femmes seules devraient être protégées par l'Etat.

Dans son programme, l'YRP demande la promotion de «la moralité, la chasteté, la miséricorde et le sacrifice» chez les femmes. Durant la campagne électorale, son président, Fatih Erbakan, a promis de réduire les pensions alimentaires versées aux femmes divorcées.

Les deux partis s'engagent à rendre les relations sexuelles hors mariage punissables et à déclarer l'homosexualité comme une perversion.

Des extrémistes au Parlement

«Le gouvernement a ouvert grand la porte aux extrémistes de droite et à leurs revendications au Parlement», a déclaré Fidan Ataselim, secrétaire générale du groupe de femmes «Nous arrêterons les féminicides», au média en ligne Kisadalga. Les extrémistes renforcent les tendances au sein de l'AKP. Dans ce parti, de nombreux députés ont des mariages religieux multiples et rejettent le Code civil, a déclaré la militante Evrim Gökte.

Avec l'arrivée de YRP et Hüda-Par, ces tendances pourraient s'ancrer dans le programme de la représentation populaire.

«Pour la première fois dans l'histoire de la Turquie, nous avons assisté à une campagne électorale au cours de laquelle les droits fondamentaux des femmes ont été mis en débat.»
Hülya Gülbahar, porte-parole de la Plateforme pour l'égalité des femmes.

Les militantes des droits des femmes estiment que l'alliance de l'opposition autour de Kilicdaroglu est en partie responsable de cette situation. «L'opposition aurait dû essayer de stopper cette vague au parlement en présentant plus de candidates», a déclaré Hülya Gülbahar. Et d'ajouter:

«Au lieu de cela, elle a continué à poursuivre sa politique de clientélisme patriarcal en disant qu'elle défendrait les femmes»

Le parlement turc compte désormais environ 20% de femmes – près de trois points de plus qu'auparavant et un record historique, mais bien en deçà des attentes du mouvement féministe.

«Nous ne devons pas nous résigner», a lancé Hülya Gülbahar. «Cela reviendrait à nous laisser entraîner dans les ténèbres et regarder la Turquie devenir un pays comme l'Iran ou comme l'Afghanistan sous les talibans. Si nous nous résignons, nous pourrions le payer de notre vie.»

Exercice Lux 23 de l'armée suisse
1 / 17
Exercice Lux 23 de l'armée suisse
On imagine la conversation: «Alors tu prends ton bordel et tu cours par-là»; «Oui, chef».
source: div ter 1
partager sur Facebookpartager sur X
De nouvelles images des inondations qui frappent le nord de l'Italie
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Toute la clique royale était au balcon de Buckingham Palace
Avec un défilé militaire et une apparition de la famille royale au balcon, les Britanniques ont commencé à célébrer lundi dans l'émotion les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Les célébrations, prévues pour durer quatre jours, ont débuté par la lecture d'extraits d'un discours du Premier ministre Winston Churchill le 8 Mai 1945. Un défilé militaire en fanfare a réuni plus de mille membres des forces armées britanniques. Onze militaires ukrainiens, invités en signe de soutien, ont aussi défilé derrière leur drapeau, ainsi qu'une cinquantaine de troupes de l'Otan.

L’article