Le président Recep Tayyip Erdogan a pour la première fois vendredi laissé entrevoir la fin de plus de vingt ans de pouvoir à la tête de la Turquie. Ses opposants y voient un stratagème pour motiver le peuple à voter lors des élections municipales à la fin du mois.
Infatigable bateleur d'estrade, le musulman dévot âgé de 70 ans, réélu pour cinq ans en mai dernier, fait jusqu'ici figure d'indéboulonnable à la tête de la Turquie dont il domine le paysage politique depuis le début des années 2000.
En mai dernier, il a cependant dû affronter un second tour de scrutin, une première.
Ses déclarations vendredi ont aussitôt suscité quelques réactions sarcastiques sur les réseaux sociaux, les internautes rappelant avec malice les multiples fois où le chef de l'Etat a fait part de sa «dernière» élection ou candidature comme parlementaire, président du parti, ou à la présidence de la République - en 2009, 2012 et 2022.
«N'y croyez pas!», prévenait ainsi Ercan Ozcan, militant des droits humains qui voit dans cette déclaration un «appel à 'S'il vous plaît, votez pour la dernière fois'». «Mais nous savons très bien qu'il essaie de modifier la constitution pour assurer sa réélection encore et encore», estimait-il sur X.
Souvent dépeint en sultan indétrônable, campé dans son palais de plus de 1100 pièces, bâti pour lui sur une colline boisée d'Ankara, il s'est lancé avec la même énergie dans l'actuelle campagne municipale, a de fait remporté toutes les élections depuis l'arrivée au pouvoir de son parti islamo-conservateur, l'AKP, en 2002.
L'enjeu principal des élections du 31 mars pour le Parti AKP de la Justice et du Développement est justement de reconquérir Istanbul, plus grande ville et capitale économique du pays, dont il fut lui-même le maire dans les années 90.
Pour détrôner l'édile CHP (social-démocrate) Ekrem Imamoglu élu en 2019, l'AKP a désigné un ancien ministre de l'Environnement, Murat Kurum. (sda/ats/afp)