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Turquie: le plan secret d'Erdogan

Turquie: le plan secret d'Erdogan
Erdogan a besoin du soutien de ses partenaires de coalition nationalistes d'extrême droite et islamistes. Ils tenteront d'imprimer leur marque sur la nouvelle constitution.image: keystone, getty / montage: watson

Le plan secret d'Erdogan

En soutenant les partis d'extrême droite et islamistes, le chef de l'Etat turc pourrait s'assurer un mandat à vie.
04.09.2023, 06:0904.09.2023, 08:40
Gerd Höhler, athènes / ch media
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan prévoit une réforme de la loi fondamentale turque. Il promet une «constitution civile et libérale». Les détracteurs du gouvernement craignent qu'il ne cherche à cimenter son règne avec cette réforme.

L'actuelle loi fondamentale turque porte encore l'empreinte des généraux au pouvoir de 1980 à 1983. Elle a été modifiée à plusieurs reprises depuis lors. La modification la plus importante a été apportée par Erdogan en 2017, lorsqu'il a aboli la démocratie parlementaire et instauré un système présidentiel. Ce système lui confère des pouvoirs qu'aucun chef d'Etat ou de gouvernement d'un pays occidental ne possède.

Le prochain grand tournant est imminent. La Turquie a besoin d'une «constitution civile, libérale et inclusive» pour «renforcer la démocratie», a récemment déclaré le président éternel dans un discours devant des juges et des procureurs. Cela sonne bien. Mais les détracteurs d'Erdogan craignent que la réforme aille dans la direction opposée. Qu'avec la modification de la Constitution, il veuille avant tout assurer son propre avenir.

Plus à droite, plus islamiste

Fin mai, Erdogan a remporté un deuxième mandat de président turc. Selon la constitution en vigueur, il ne peut pas se représenter une troisième fois. Les observateurs supposent qu'il souhaite supprimer cette limite dans la nouvelle mouture et s'assurer, ainsi, le pouvoir à vie. La disposition selon laquelle le président doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés pour être élu pourrait également être supprimée, afin de faciliter sa réélection en 2028.

Pour faire passer une nouvelle constitution au Parlement, Erdogan a besoin d'une majorité d'au moins trois cinquièmes à l'Assemblée nationale. La nouvelle loi fondamentale devrait ensuite être approuvée par référendum.

Pour franchir l'obstacle parlementaire, Erdogan a besoin du soutien de ses partenaires de coalition nationalistes d'extrême droite et islamistes. Ils tenteront d'imprimer leur marque sur la nouvelle constitution. Erdogan lui-même a déjà annoncé que la nouvelle constitution devrait mieux protéger les valeurs traditionnelles, comme la famille, contre les «influences perverses».

Cela pourrait déboucher sur une répression encore plus forte contre la communauté LGBT+, et encore moins de protection pour les femmes contre les violences domestiques. Ainsi, le parti islamiste Hüda Par, avec lequel Erdogan s'est allié lors de la dernière campagne électorale, veut introduire des écoles séparées pour les garçons et les filles. Les femmes ne devraient être autorisées à effectuer que des travaux «conformes à leur nature».

Le parti d'extrême droite BBP, qui fait également partie de l'«Alliance du peuple» d'Erdogan, demande des hôpitaux séparés pour hommes et femmes. Et l'allié du président, Fatih Erbakan, chef du Nouveau parti du bien-être islamiste, souhaite abaisser l'âge du mariage pour les filles en Turquie à 14 ans. Les enfants seraient alors «sexuellement mûrs» et capables de gérer «un foyer heureux». (aargauerzeitung.ch)

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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