Le drapeau ukrainien flotte sur le siège social du fabricant de verre Vetropack. Pas à St-Prex (VD), de là où est originaire l'entreprise, mais à Bülach, dans le canton de Zurich, où se trouve son site principal. Mais c'est un autre site, bien loin d'ici et important pour l'entreprise, qui est au centre de l'attention depuis une année: celui de Hostomel, en Ukraine, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest du centre de Kiev.
En 2006, l'entreprise a acheté cette usine afin d'approvisionner directement le marché ukrainien. Mais dès les premières heures de l'invasion: l'aéroport d'Hostomel a vu de féroces combats entre Ukrainiens et Russes, pour qui la prise de la zone aurait permis de lancer un assaut décisif sur Kiev.
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Si les Russes ont fini par être repoussés et Kiev sauvée, in extremis, la zone a été fortement touchée par les combats. Plusieurs obus et missiles sont ainsi tombés sur l'usine de Vetropack, détruisant notamment l'un des trois fours utilisés pour fondre le verre. Le toit d'une partie importante du complexe a également subi de nombreux dégâts, et l'armée russe a fini par miner le site avant de prendre la poudre d'escampette.
Difficile de relancer le business, dans ces conditions. Et pourtant, l'objectif de l'entreprise suisse est de redémarrer la production dès que les dégâts seront réparés et que la situation politique permettra un nouveau départ, indique Johann Reiter, patron de Vetropack.
Le jour même du début de la guerre, Vetropack a réagi en arrêtant l'installation. Les employés locaux auraient facilement pu se retrouver en danger de mort s'ils étaient venus au travail ce matin-là.
Aucun collaborateur n'a donc été tué. Il n'empêche, l'arrivée subite de la guerre a été un choc pour l'entrepreneur suisse.
Le fabricant de verre a estimé les dommages commis à l'usine à 47 millions de francs. Et il n'est pas certain que celle-ci puisse un jour être remise en service. Près de 31 millions ont déjà été déboursés l'année dernière par Vetropack pour effectuer des réparations. Deux des trois fours de fusion ont ainsi pu être sauvés. Près de 200 employés travaillent à la remise en état des installations et la production devrait reprendre prochainement.
Le chemin sera toutefois long pour revenir au niveau d'avant-guerre. Car la demande en verre a fortement chuté, et ce pour une raison bien simple: près de huit millions d'Ukrainiens ont fui le pays. Johann Reiter reste optimiste: «Nos clients veulent être réapprovisionnés par nos soins. Ils nous restent fidèles, c'est très prometteur». D'autant que si l'usine ne parvient pas à faire des bénéfices dans un avenir proche, elle risque de disparaître.
Le groupe saint-gallois Weidmann, spécialisé dans la fabrication de composants pour l'isolation de transformateurs, lutte lui aussi pour sa survie économique en Ukraine. L'entreprise est présente à Malyn, à l'ouest de Kiev. Elle y emploie environ 600 personnes. L'entreprise se bat pour joindre les deux bouts. Pas si simple, surtout lorsque 50 employés sont partis sur le front.
Contrairement à Vetropack, Weidmann a été en grande partie épargnée par les attaques russes:
D'autant plus que dans les environs directs de l'usine, des missiles russes ont touché plusieurs cibles civiles, comme des maisons, des jardins d'enfants ou un pont.
Les affaires sont dures: des clients occidentaux annulent des commandes parce qu'ils craignent que Weidmann ne puisse pas livrer à cause de la guerre:
Franziska Tschudi soulève que la reconstruction du pays coûtera beaucoup d'argent. Et si les entreprises étrangères quittent le pays, la situation sera encore plus dure pour le tissu économique local. Un cercle vicieux duquel il deviendra alors difficile de s'extraire.