La neutralité suisse doit conserver son «noyau dur», estime le président de la Confédération Alain Berset. «C'est ce qu'elle représente: l'attachement au droit humanitaire et aux droits de l'homme, la protection des civils, la protection des Conventions de Genève.»
C'est plus important que jamais, même si la neutralité doit s'adapter, ajoute Alain Berset dans un entretien diffusé dimanche par le NZZ am Sonntag. «Nous devons nous demander où nous nous situerons en tant que pays, où se situera l'Europe dans 5, 10 ou 30 ans. Tout ce que nous décidons aujourd'hui doit être mesuré à cette aune.»
Selon lui, la question centrale doit être:
La Suisse s'engage fortement et a très rapidement adopté des sanctions internationales sans précédent, énumère-t-il. A cela s'ajoutent les efforts déployés en Ukraine même, par exemple dans le domaine du déminage, poursuit-il.
Le ministre de l'Intérieur estime qu'en période de tempête, il faut se recentrer sur les fondamentaux.
Comme avant la Première Guerre mondiale, «je ressens cette frénésie guerrière dans certains milieux. Et je suis très inquiet à ce sujet [...] car ce sentiment repose sur une vision à court terme», ajoute Alain Berset. La position du Conseil fédéral est claire, selon lui:
Après le grand débat entre 2017 et 2019 sur cette question, il faut maintenant de la stabilité, prône le président de la Confédération.
La Suisse est un partenaire fiable et sa position est «en règle générale» bien comprise. «Je comprends et je respecte le fait que d'autres pays aient une autre position. Mais la position suisse doit également être respectée», note le socialiste fribourgeois.
Un abandon de la neutralité impacterait la Genève internationale et donc de la Suisse, relève-t-il. «J'ai parfois l'impression qu'en Suisse, nous ne sommes pas assez conscients de l'importance centrale de Genève.» (sas/ats)