Des combats intenses se poursuivaient mercredi pour le contrôle de Severodonetsk, ville-clef de la région du Donbass.
Les Russes affirment avoir «totalement libéré» les zones résidentielles de cette ville stratégique pour le contrôle de l'intégralité du bassin houiller du Donbass, dans l'est de l'Ukraine.
Un état des lieux contesté par Kiev. «Ils ne contrôlent pas la ville», a répondu quelques heures plus tard dans un message vidéo sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, qui, avec celle de Donetsk, forme le Donbass. Il a toutefois reconnu qu'«il est très difficile de tenir Severodonetsk», parlant même de «mission impossible».
«Toutes les forces, toutes les réserves ont été mobilisées par l'ennemi, l'armée russe, pour couper la grande route Lyssytchansk-Bakhmout afin de prendre Severodonetsk. Ils bombardent très violemment Lyssytchansk», a déclaré le gouverneur. Leur prise ouvrirait aux Russes la route de Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré dans son adresse vidéo quotidienne mardi soir que «la situation sur le front n'a pas changé significativement ces 24 dernières heures» et que «la défense absolument héroïque du Donbass se poursuit».
Pour cela, les soldats ukrainiens ont cependant «un besoin vital d'armes lourdes qui peuvent contrer l'artillerie ennemie», a demandé le gouverneur Gaïdaï, réclamant de «l'artillerie occidentale».
Kiev se prévaut déjà d'avoir infligé un lourd bilan à son envahisseur:
Aucun bilan n'est vérifiable. Toutefois, la mort d'un général russe, Roman Koutouzov, a été confirmée mardi par le chef des séparatistes prorusses Denis Pouchiline. Plusieurs généraux russes ont perdu la vie depuis février, mais Moscou communique rarement sur ses pertes.
Les deux belligérants s'accusent mutuellement de détruire les ressources céréalières et d'aggraver ainsi la crise alimentaire mondiale.
«Ceux qui prétendent s'inquiéter de la crise alimentaire mondiale frappent en fait les champs et les infrastructures agricoles, où les incendies se déclarent à une échelle impressionnante», a dénoncé mardi soir le Commandement opérationnel ukrainien pour le front sud, évoquant notamment des frappes autour de Mykolaïev (sud).
Dans le même temps, le ministère russe de la Défense a assuré que les forces ukrainiennes «ont incendié à dessein un important dépôt de céréales» dans le port de Marioupol.
La création de couloirs maritimes sécurisés pour l'exportation de céréales par la mer Noire sera au coeur des discussions mercredi à Ankara entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu.
Lavrov est arrivé la veille en Turquie et évoquera la possibilité pour l'Ukraine d'exporter ses récoltes bloquées dans ses ports. Un blocage qui fait flamber les prix et fait peser la menace d'une famine dans certains pays d'Afrique et du Moyen-Orient.
A la demande de l'ONU, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées à proximité des côtes turques.
La presse ukrainienne a assuré que «les Nations unies et l'Ukraine» seraient associées aux discussions de mercredi, mais l'ambassade d'Ukraine à Ankara a démenti tout contact entre l'ambassadeur Vasyl Bodnar et Sergueï Lavrov.
Mardi soir, le président Zelensky a aussi annoncé la publication la semaine prochaine d'un «Livre des bourreaux».
L'ouvrage compilera les données sur les crimes de guerre et les soldats russes accusés de les avoir commis. Le chef de l'Etat promet que les personnes ayant donné les ordres seront aussi citées:
Fin mai, la justice ukrainienne avait affirmé avoir identifié «quelques milliers» d'affaires de crimes de guerre présumés dans le Donbass. (ats/jch)