La tension sur l'Ukraine n'est toujours pas apaisée, le résumé en 5 points
Le Kremlin dénonce «l'hystérie» américaine. Biden met en garde Poutine en cas d'attaque. Washington a insisté vendredi sur le risque d'une invasion «imminente» de l'Ukraine par la Russie, qui a massé plus de 100 000 soldats près de la frontière et vient d'entamer des manœuvres militaires en mer Noire et en Biélorussie, encadrant de facto le pays. Du coup?
De lourdes répercussions
Une telle invasion aurait des conséquences «rapides et sévères» pour la Russie, a mis en garde samedi, Joe Biden, lors d'un entretien avec son homologue russe. Elle «causerait des souffrances humaines considérables et fragiliserait la position de la Russie», selon la Maison Blanche. Face à ces déclarations, le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a commenté: 👇
Il a également précisé que les deux présidents avaient convenu «de poursuivre les contacts à tous les niveaux».
Cet échange n'a pas «entraîné de changement fondamental», a reconnu un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Selon lui:
Poutine versus Macron
Même constat à Paris, après un entretien entre le président Emmanuel Macron et son homologue russe: «Notre sentiment est que Vladimir Poutine reste sur les mêmes bases (...) dans un état d'esprit d'exigence, de provocation, en prenant soin néanmoins de garder toutes ses options ouvertes».
Depuis les premiers déploiements de troupes près de l'Ukraine en novembre, Moscou nie toute intention d'invasion, mais réclame la fin de l'expansion de l'Otan et du soutien de l'Occident à ce pays, qu'elle considère comme faisant partie de sa sphère d'influence.
Lors de sa discussion avec le président français, Vladimir Poutine a critiqué les «livraisons d'ampleur d'armements modernes» à son voisin, estimant qu'elles créaient «les conditions préalables à de possibles actions agressives des forces ukrainiennes» dans l'Est de l'Ukraine où la Russie soutient depuis huit ans des séparatistes armés.
Macron a lui redit la «détermination à réagir» des Occidentaux en cas d'opération militaire russe, et qu'il allait poursuivre ses efforts diplomatiques:
- En appellant Joe Biden ainsi que le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
- Au-delà des présidents, les intenses échanges diplomatiques ont consisté en des appels entre les chefs de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et américaine, Antony Blinken, ce dernier ayant aussi parlé avec son homologue britannique, Liz Truss. Les ministres américain et russe de la Défense, Lloyd Austin et Sergueï Choïgou, ont également échangé.
- La France déconseille de se rendre dans les zones frontalières du nord et de l'est, sans appeler ses ressortissants à en partir.
Le chancelier allemand doit reprendre le flambeau, en allant à Kiev lundi et à Moscou mardi.
Les appels se multiplient
Face au spectre d'une invasion de l'Ukraine par la Russie, de nombreux Etats appellent leurs ressortissants à quitter le pays et modifient ou réduisent la présence de leur personnel diplomatique.👇
- Dans cette liste: les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada, la Norvège, le Luxembourg, l'Estonie, la Lituanie, l'Arabie Saoudite ou encore les Emirats arabes Unis, l'Australie, le Japon et Israël.
- Par ailleurs, la compagnie aérienne KLM a annoncé hier la suspension jusqu'à nouvel ordre des vols vers l'Ukraine.
- Moscou a aussi rappelé une partie de son personnel diplomatique, affirmant craindre des «provocations» adverses.
- La Roumanie, frontalière de l'Ukraine, «recommande vivement» à ses ressortissants d'éviter les voyages dans ce pays et de «réévaluer la nécessité d'y demeurer» s'ils s'y trouvent déjà. Le pays a par ailleurs décidé de retirer le personnel non essentiel de son ambassade à la capitale.
- Enfin, les institutions de l'Union européenne ont recommandé à leurs personnels non essentiels de la représentation à Kiev de partir pour télétravailler depuis l'étranger.
Du côté des Etats-Unis
Le pays a ordonné le départ de l'essentiel du personnel de l'ambassade américaine à Kiev, relevant qu'une offensive russe pouvait «commencer à tout moment et sans avertissement». Quelques 160 soldats américains qui entraînaient les forces ukrainiennes ont aussi reçu l'ordre du départ. L'ambassade maintiendra une petite présence consulaire à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine.
Les ukrainiens ne céderont pas à la panique
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a, pour sa part, une nouvelle fois jugé les déclarations américaines trop alarmistes. Il témoigne 👇
A Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s'ils prennent la menace au sérieux.
Une étudiante parmi la foule, du nom de Maria Chtcherbenko, brandille une pancarte. Sur celle-ci est inscrit «Je reste calme. J'aime l'Ukraine». Elle témoigne:
Le gouvernement ukrainien promet de laisser son espace aérien ouvert malgré une menace d'invasion russe, selon une déclaration du ministère des Infrastructures.
Pour couronner le tout, la Russie a chassé un sous-marin américain
Ajoutant aux tensions, la Russie a lancé samedi de nouvelles manoeuvres navales en mer Noire pour s'exercer à «défendre» la Crimée, péninsule annexée en 2014. Le ministère de la Défense a, par ailleurs, affirmé que la marine russe avait chassé un sous-marin américain de ses eaux dans l'océan Pacifique samedi.
Et les Occidentaux, qu'ont-ils prévu de faire en cas de guerre?
- Ils excluent d'engager leurs armées, mais ont prévu des représailles économiques dévastatrices.
- Selon eux, cette crise est la plus dangereuse en Europe depuis la fin de la Guerre froide.
La Maison Blanche a déjà esquissé le scénario de l'offensive russe, évoquant de probables «bombardements aériens et des tirs de missiles» et un assaut possible contre la capitale Kiev. (jug/ats)
