Décidément, c'est la journée de Boris Johnson. Après avoir appris qu'il était pressenti pour prendre la tête de l'Otan, c'est désormais un coup de foudre un peu aveugle qui s'empare de l'élu controversé. Au début du mois de juillet, les Ukrainiens priaient déjà très fort pour qu'il «s'accroche» à son siège de premier ministre du Royaume-Uni. Ils sont même allés jusqu'à lui offrir un petit sobriquet. Mais ça n'a pas suffi à recoiffer celui qui était devenu, dans son pays et en quelques semaines, l'huluberlu mégalo et ébouriffé à abattre: «Johnsoniuk» a démissionné le 7 juillet.
En Ukraine, la formidable cote de popularité de l'ancien premier ministre a plusieurs origines. D'abord, son soutien franc et immédiat à Zelensky. Ensuite, ses déambulations maladroites, mais sincères, dans les rues de Kiev aux côtés du président. Mais, aussi, sa ferme condamnation de l'agression russe en Ukraine et, bien sûr, le fait que la Grande-Bretagne a dépensé plus de 2 milliards de livres sterling en matériel militaire et en aide humanitaire.
Si bien que, dès les premiers sérieux signes de turbulences au numéro 10 de Downing Street, la population ukrainienne a mis les bouchées doubles pour afficher très haut son soutien à BoJo. Des comptes de fans ont commencé à pousser sur tous les réseaux sociaux. Des artistes se son mis à brosser son portrait sur toile. Des supermarchés ont rajouté la célèbre coupe de douille du politicien sur leur logo officiel. Et une confiserie est allée jusqu'à donner naissance à un gâteau «Boris Johnson» (à l'effigie de ses cheveux, évidemment).
Les Ukrainiens n'ont bien sûr jamais eu tout à fait conscience des raisons de la chute de «Johnsoniuk» au Royaume-Uni. Ils se sont même un peu fichés du célèbre #partygate. Boris Johnson est porté aux nues en Ukraine, comme Emmanuel Macron y est gentiment moqué et Olaf Scholz proprement détesté.
Après les gâteaux et les déclarations d'amour, c'est une pétition qui prouve que Boris Johnson n'a pas perdu un cheveu de popularité en Ukraine. Signée par plus de 3000 citoyens et adressée officiellement à Zelensky, cette pétition demande à ce que la citoyenneté ukrainienne lui soit offerte afin qu'il puisse, un jour, être élu premier ministre et déménager à Kiev. Selon Reuters, pour les signataires, BoJo est notamment «un homme plein de sagesse dans les sphères politique, financière et juridique».
Si cette pétition un peu loufoque a, évidemment, peu de chances d'aboutir, elle aura peut-être l'avantage de mettre un peu de baume au cœur du principal intéressé. De son côté, Volodymyr Zelensky n'a pas commenté cette demande officielle.