International
Etats-Unis

Voici la vie à l'intérieur de «l'Alcatraz des alligators»

President Donald Trump, Gov. Ron DeSantis, R-Fla., and Homeland Security Secretary Kristi Noem, and others, tour "Alligator Alcatraz," a new migrant detention facility at Dade-Collier Traini ...
Donald Trump lors de sa visite d'«Alligator Alcatraz».Keystone

«De la torture»: ils racontent la vie dans l'Alcatraz de Trump

Le centre de détention floridien est devenu un symbole de la politique migratoire de l'administration Trump. Il suscite la colère des défenseurs des droits humains. Des migrants témoignent.
15.08.2025, 18:5015.08.2025, 18:50
Gerard MARTINEZ, Ochopee, États-Unis / afp
Plus de «International»
«Je n'ai pas vu la lumière du soleil depuis 14 jours»

Luis Gonzalez, un Cubain âgé de 25 ans, témoigne par téléphone. Il est détenu à «l'Alcatraz des alligators», nouveau centre de rétention pour immigrés clandestins construit en Floride par l'administration Trump.

Les journées sont interminables pour les détenus de ce centre situé dans les marécages hostiles des Everglades, dans le sud-est des Etats-Unis. Les cellules, éclairées par des lampes allumées en permanence, sont dénuées de fenêtres. Ici, pas d'horloge ni de télévision qui pourrait indiquer l'heure. Pour les prisonniers, la notion du temps n'existe plus.

«Même un animal ne serait pas traité ainsi. C'est de la torture»
Luis Gonzalez

Ce centre de rétention, avec des lits superposés alignés, enfermés dans des cages grillagées, sous des pavillons de toile blanche, a été édifié à la vitesse de l'éclair sur les ruines d'un ancien aérodrome et a ouvert début juillet. Quelque 3000 places y sont prévues, selon la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

U.S. President Donald Trump visits a temporary migrant detention center informally known as "Alligator Alcatraz" in Ochopee, Florida, U.S., July 1, 2025. REUTERS/Evelyn Hockstein
Les critiques des droits humains? Donald Trump «s'en fout».Image: REUTERS

Journées caniculaires et nuits froides

La Maison Blanche et les autorités locales l'ont surnommé l'«Alcatraz des alligators», en référence à l'ancienne île-prison de San Francisco, que Donald Trump compte par ailleurs rouvrir. Mais le centre, devenu l'un des symboles de la politique migratoire du gouvernement de Donald Trump, a suscité la colère des défenseurs des droits humains.

Luis Gonzalez est arrivé aux Etats-Unis en 2022 et s'est installé en Floride. Il a été libéré par les autorités, le temps de l'examen de sa demande d'asile. Mais le mois dernier, son dossier a été rejeté. La police de l'immigration est venue l'arrêter.

Il dit avoir été enchaîné pendant plus d'une journée dans un bus avec d'autres détenus, avant d'être conduit à «l'Alcatraz des alligators».

«Ils ne nous font jamais sortir des tentes. Et quand ils nous emmènent à la cantine, nous devons mettre les mains sur la tête comme si nous étions des meurtriers»
Luis Gonzalez

Luis Gonzales partage une cellule avec une trentaine de personnes. L'espace, qu'il qualifie de «poulailler», est entouré de barbelés et n'est que très rarement nettoyé. Idem pour les trois toilettes partagées par les détenus. Il n'a reçu ni déodorant ni dentifrice et ne s'était pas douché depuis une semaine au moment de notre appel.

Toilets and beds are seen inside a migrant detention center, dubbed "Alligator Alcatraz," located at the site of the Dade-Collier Training and Transition Airport in Ochopee, Florida on July  ...
Les cellules de la prison.Image: AFP

Les journées sont caniculaires, tandis que les nuits sont si fraîches que les couvertures fournies ne permettent pas aux détenus de se réchauffer. Des nuées de moustiques envahissent les cellules.

Manque de soins médicaux

Certains détenus ont également dénoncé le manque de soins médicaux. Michael Borrego Fernandez, 35 ans, s'est plaint de douleurs, mais n'a été soigné que lorsqu'il a commencé à saigner, selon ses avocats. Il a dû être hospitalisé et opéré d'urgence pour des hémorroïdes. À son retour, il n'a pas reçu d'antibiotiques. Ses blessures se sont infectées et il a dû être hospitalisé de nouveau.

Marcos Puig, 31 ans, s'est lui rebellé contre les conditions de détention. Joint par téléphone depuis un autre centre de Floride, où il se trouve actuellement, il raconte avoir cassé les toilettes de sa cellule avant une visite de hauts responsables, en signe de protestation. Il aurait ensuite été roué de coups et laissé à genoux pendant 12 heures dans un espace sans caméras ni climatisation, avant d'être transféré ailleurs.

Un autre détenu, Rafael Collado, 63 ans, a dit à sa conjointe avoir tenté de se suicider à deux reprises et entamé une grève de la faim, lors d'une conversation téléphonique à laquelle nous avons assisté.

Pas de réponse des autorités

Des avocats et des activistes exigent la fermeture du centre de rétention des Everglades, qui fait l'objet de deux poursuites judiciaires. Une des deux plaintes estime que les détenus sont privés d'avocat et sont maintenus prisonniers sans inculpation.

«Il y a des gens qui sont là depuis leur arrivée et qui n'ont toujours pas vu de juge. C'est complètement illégal»
Magdalena Cuprys, avocate de Luis Gonzalez

Par ailleurs, deux associations environnementales ont mené une action en justice, estimant que le centre menace l'écosystème fragile des marécages alentours et a été construit sans études d'impact environnemental.

La semaine dernière, une juge fédérale a ordonné la suspension pendant 14 jours de toute nouvelle construction dans le centre pendant qu'elle examine l'affaire. Contactées, les autorités de «l'Alcatraz des alligators» n'ont pas répondu.

Donald Trump triche-t-il au golf ?
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Le FBI perquisitionne le domicile d'un ex-haut conseiller de Trump
John Bolton, ancien conseiller du président Trump, est visé par le FBI. Les circonstances de cette perquisition restent floues, mais Trump en veut à son ancien allié.
La police fédérale américaine (FBI) perquisitionne vendredi le domicile de John Bolton, ex-conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale lors du premier mandat du républicain. Il en est devenu depuis l'un des plus fervents critiques.
L’article