Vendredi soir, la Russie et l'Ukraine ont signé un accord visant à permettre l'exportation sécurisée de céréales depuis les ports ukrainiens, soufflant un vent d'optimisme sur la communauté internationale. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a évoqué une «lueur d'espoir», tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que l'accord «raviverait, espérons-le, le chemin de la paix».
Mais l'encre de l'accord sur les céréales n'était pas encore sèche que la Russie lançait déjà ses prochaines bombes sur le sud de l'Ukraine. La confiance a rapidement fait place à l'inquiétude.
La Russie a en effet attaqué Odessa, l'un des trois lieux de départ des bateaux. Les deux autres ports se trouvent dans les localités voisines de Tchornomorsk et de Yushny. Conformément à l'accord, ces endroits ne devaient pas être bombardés.
Dans un premier temps, la Russie a rejeté la responsabilité de l'attaque au missile, avant de faire finalement volte-face et de reconnaître le tir sur le port d'Odessa dimanche. Les missiles ont été tirés sur une usine de réparation navale, a fait savoir le ministère russe de la Défense. Un navire de guerre ukrainien a été détruit par des missiles Harpoon fournis par les Etats-Unis.
Depuis, la question se pose de savoir si les bateaux transportant les céréales pourront vraiment quitter les ports ukrainiens dans les plus brefs délais. Un porte-parole de l'ONU a déclaré à l'agence de presse allemande que malgré les attaques de missiles, le départ pourrait avoir lieu bientôt.
Pendant ce temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a clairement indiqué qu'il n'accordait pas trop d'importance aux accords avec la Russie. Après les attaques sur Odessa, il a déclaré: «Si quelqu'un dans le monde a dit auparavant qu'il était nécessaire d'entamer un dialogue avec la Russie, de conclure des accords sur un cessez-le-feu sans pour autant libérer notre territoire de l'occupant, les missiles d'aujourd'hui ont détruit la possibilité de telles déclarations».
Le discours est différent du côté russe. Selon les déclarations officielles, la volonté de mettre en pratique les exportations de céréales reste intacte. Pour cela, une délégation russe arrivera mardi à Istanbul, selon le ministère russe de la Défense. Dans un centre de contrôle, des Russes, des Turcs, des Ukrainiens et des représentants des Nations unies doivent veiller à la sécurité des navires.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré lundi, lors de sa tournée africaine en République du Congo, que rien n'empêchait la Russie de respecter l'accord. Les missiles d'Odessa sont tombés dans la partie militaire du port et se trouvent à une «distance significative» des silos à grains.
En parallèle, Lavrov a clairement indiqué que d'autres frappes de missiles pourraient suivre malgré l'accord. Aucun engagement n'a été pris à Istanbul «qui nous interdirait de poursuivre l'opération militaire spéciale et de détruire l'infrastructure militaire et d'autres objectifs militaires». La Russie persiste à qualifier la guerre d'agression contre l'Ukraine d'«opération militaire spéciale».
La Russie n'a pas hésité à effectuer de nouvelles frappes de missiles malgré l'accord, comme l'a montré la journée de mardi. Le commandement sud-ukrainien a fait savoir que les Russes avaient lancé une «attaque massive de missiles» sur le sud de l'Ukraine. Selon les données ukrainiennes, 18 missiles ont été tirés sur la région de Mykolaïv et 13 sur la région d'Odessa. Il n'a pas encore été possible de vérifier ces informations de manière indépendante.
Zelensky a publié mardi une vidéo censée montrer la localité de Zatoka après une attaque de missiles par les Russes. Zatoka est considérée comme l'une des destinations de vacances préférées des Ukrainiens sur la mer Noire. Elle n'est située qu'à une trentaine de kilomètres du port de Tchornomorsk, d'où des bateaux chargés de céréales devraient bientôt partir. La vidéo montre des ruines en feu et des maisons détruites.
Il n'y avait pas de bases militaires ni de troupes à Zatoka, a écrit Zelensky. Seules quelques personnes s'y seraient reposées. Selon le président ukrainien, ce ne sont que les «terroristes» russes qui ont voulu tirer. Il a assuré:
Traduit de l'allemand par Nicolas Varin