Il existe des «accusations crédibles» d'enfants seuls transférés de force d'Ukraine vers la Russie, a déclaré mercredi la sous-secrétaire générale des Nations unies pour les droits de l'Homme, Ilze Brands Kehris:
La dirigeante onusienne a également indiqué que le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a pu «confirmer» que les forces armées russes avaient mis en place des centres de «triage», forme de contrôle de sécurité et de collecte de données personnelles et biométriques. Ces contrôles s'appliquent aux personnes quittant une zone de combat ou traversant un territoire sous contrôle russe.
Le Haut Commissariat a lui-même pu «documenter» des cas où les personnes faisant l'objet de cette «filtration» étaient soumises à des fouilles à corps, parfois en devant se dénuder. «Nous sommes particulièrement inquiets du risque d'abus sexuels que courent les femmes et les filles lors de ces procédures de filtration», a-t-elle ajouté.
Les Etats-Unis, à l'origine de cette réunion du Conseil de sécurité avec l'Albanie, ont accusé directement mercredi le bureau du président russe Vladimir Poutine d'organiser directement le déplacement forcé de milliers d'Ukrainiens vers la Russie.
Kiev dénonce régulièrement des «déportations» qui auraient touché plus d'un million d'Ukrainiens. Moscou assure de son côté que son seul but est de permettre aux civils d'«évacuer» des «zones dangereuses». Les Ukrainiens évacués des villes assiégées ou ceux qui quittent des territoires occupés par les troupes russes sont obligés de transiter par des centres.
Dans un rapport publié à la mi-juillet, l'OSCE s'était dit «gravement préoccupée» par le traitement infligé par Moscou aux civils ukrainiens dans des «camps de filtrations», destinés à identifier ceux qui sont soupçonnés de liens avec les autorités de Kiev.
Les autorités américaines ont dévoilé mercredi une carte montrant l'existence d'une dizaine de ces «centres» dans l'est de l'Ukraine et les destinations des Ukrainiens ainsi «filtrés».
Selon Washington, les Ukrainiens y subissent des interrogatoires pour évaluer leur degré de «menace» potentielle et sont soit autorisés à rester dans les territoires sous contrôle russe, soit envoyés vers la Russie. D'autres personnes sont maintenues en détention dans l'est de l'Ukraine ou en Russie.
En juillet déjà, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait accusé la Russie de «déportations forcées» de jusqu'à 1,6 million d'Ukrainiens. (ats/jch)