Les missiles russes donnent du fil à retordre à l'Ukraine: certains d'entre eux ne peuvent pas être détectés par les radars. Mais les smartphones et les citoyens entrent désormais en jeu. Une application leur permet en effet de signaler l'approche de projectiles volants.
L'application s'appelle ePPO et peut être téléchargée sur les appareils Android et Apple. Un compte est alors créé et activé par le portail gouvernemental des services numériques. L'application a été développée par un groupe d'experts informatiques ukrainiens, appelé «Technari». Il est soutenu par le ministère ukrainien de la Défense.
L'application est développée depuis le mois de mai. L'un des programmeurs, Gennadiy Suldin, indique qu'elle a bénéficié du soutien de l'armée ukrainienne et que le commandement militaire du sud, par exemple, l'utilise déjà.
Suldin a fait part sur Facebook d'une première utilisation de l'application contre un missile de croisière russe Kalibr, le 22 octobre:
L'application peut également être utilisée contre les drones. Là aussi, de premiers succès ont été enregistrés: «Le 25 octobre, deux Shahed-136 ont été détruits grâce à ePPO», a écrit le programmeur. «D'ores et déjà, nos soldats utilisent les données générées par les utilisateurs d'ePPO et ont obtenu les premiers résultats», a confirmé le Commandement Sud ukrainien sur Facebook.
L'utilisation est très simple: après avoir vu un missile, les utilisateurs ouvrent l'application et choisissent par icône de quel type de projectile il s'agit — missile, drone, hélicoptère ou avion. On dirige ensuite le téléphone vers la cible et on appuie sur un gros bouton rouge. Pour la défense antiaérienne, un repère clignote alors sur une carte électronique. L'attaque est à nouveau vérifiée par l'armée, puis des mesures de défense sont annoncées.
Un missile russe Kalibr vole à environ 800 km/h, un drone Shahed-136 à environ 200 km/h. Comme ils sont généralement tirés depuis le territoire russe, il reste suffisamment de temps de vol pour les repérer. Les petits missiles sont justement difficiles à détecter pour les systèmes de défense antiaérienne, surtout lorsqu'ils volent sous le radar. Le système allemand Iris-T, livré à l'Ukraine, peut tirer sur des cibles jusqu'à vingt kilomètres d'altitude et quarante kilomètres de portée.
L'armée ukrainienne affirme avoir abattu plus de 300 drones kamikazes iraniens depuis la mi-septembre. C'est ce qu'a déclaré le porte-parole de l'armée de l'air Youri Ihnat vendredi devant les journalistes à Kiev. On estime que la Russie a commandé 2400 engins de ce type.
Le président Volodymyr Zelensky affirme que la Russie a mené jusqu'à présent plus de 8000 attaques aériennes et tiré 4500 missiles. Selon lui, la capitale Kiev a repoussé 23 drones au cours des deux derniers jours. (dsc/t-online)