Plus de 75 000 soldats russes ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre en Ukraine. C'est ce qu'ont rapporté mercredi plusieurs médias américains, citant des estimations des services de renseignements des Etats-Unis.
Avant de lancer son invasion fin février, la Russie avait amassé quelque 150 000 hommes le long de la frontière ukrainienne. Si les chiffres américains sont confirmés, cela signifie que près de la moitié des soldats initialement envoyés sur le front ne seraient plus en mesure de combattre.
Ce chiffre est «énorme», a affirmé l'élue démocrate Elissa Slotkin aux micros de CNN après avoir assisté à un briefing classifié sur le conflit. L'armée russe serait «exsangue» et plus de 80% de ses forces terrestres sont «enlisées et fatiguées», a-t-elle ajouté.
Le chiffre avancé par les services secrets américains est en effet très élevé, notamment si on le compare à d'autres sources existantes. Il est important de noter qu'aucun bilan officiel n'existe au sujet des pertes militaires en Ukraine: il s'agit d'une information très sensible et particulièrement propice à la propagande étatique.
Le bilan le plus lourd était, jusqu'à présent, celui mis en avant par les autorités ukrainiennes. Pas plus tard que ce mercredi, Kiev affirmait que plus de 40 000 soldats russes avaient été tués depuis le début de l'invasion.
«40 000 occupants russes ont été éliminés depuis le début de la guerre à grande échelle menée par la Russie contre l'Ukraine» a tweeté, dans le style agressif typique de la communication ukrainienne, le Département de la Défense. Avant d'ajouter ce détail morbide:
40 000 russian occupiers have been eliminated since the beginning of russia’s large-scale war against Ukraine. One would need a piece of land the size of 24 football fields to bury them all. pic.twitter.com/cYqISKApVF
— Defence of Ukraine (@DefenceU) July 27, 2022
Kiev ne fournit pas d'informations sur les Russes blessés, et les 75 000 victimes estimées par les Etats-Unis ne font pas la différence entre soldats morts et blessés: la comparaison entre ces deux chiffres est donc difficile.
Les estimations des services secrets anglais, peut-être plus comparables avec celles de leurs équivalents américains, peuvent fournir un indice de la répartition entre les morts et les blessés. Fin avril, Londres affirmait que quelque 15 000 soldats russes avaient été tués en Ukraine.
Très peu d'informations filtrent du côté russe. Le dernier bilan officiel date de fin mars, un mois seulement après le début du conflit. Le Kremlin parlait à l'époque d'«à peine» 1351 morts. Quelques jours plus tard, un portail d'information proche du Kremlin rapportait pourtant que 13 414 soldats avaient perdu la vie... avant de supprimer la publication.
L'ONU a déclaré qu'elle ne considère pas comme fiables les données diffusées par la Russie et l'Ukraine. Et pour cause. Selon le chercheur Shawn Davies, cité par le magazine Fortune, il est probable que les Ukrainiens exagèrent les pertes russes alors que les Russes les minimisent.
Une chose est pourtant sûre. Les estimations américaines n'interviennent pas dans un moment particulièrement favorable pour les occupants.
«L'armée russe n'avance que lentement dans le Donbass, car elle ne peut pas attaquer de manière généralisée en raison du manque de forces», analysait récemment l'expert en politique de la sécurité Wolfgang Richter. Et la situation ne devrait pas s'améliorer: selon le chef des services secrets britanniques, les troupes russes vont s'essouffler davantage dans les semaines à venir à cause de la pénurie d'hommes.
Dans le même temps, les Ukrainiens s'apprêtent à lancer une contre-offensive pour tenter de reprendre la ville de Kherson, actuellement occupée par les Russes.
S'exprimant toujours au sujet des 75 000 victimes russes, Elissa Slotkin a déclaré que «les trois à six prochaines semaines pourraient être déterminantes pour l'évolution du conflit». (asi)