Tueur en série, violeur, nécrophile et bientôt... soldat? Les autorités russes le soupçonnent d'avoir violemment ôté la vie d'au moins 200 femmes. Pour l'heure, Mikhail Popkov croupit dans une prison baptisée «Dauphin noire», située près de la frontière avec le Kazakhstan, pour le meurtre de 84 d'entre elles. Après trois premiers procès et deux (!) condamnations à perpétuité. D'autres pourraient suivre.
Cette semaine, le Kremlin a autorisé la télévision d'Etat à glisser son micro entre deux barreaux, histoire de prendre des nouvelles de cet ancien flic et conscrit de l'Armée rouge. Surprise, à 58 ans, le monstre le plus sanguinaire de la Russie contemporaine a encore un rêve digne du plus sordide des opportunistes: se reconvertir grâce à la guerre intimée par Vladimir Poutine, il y a déjà un an.
A Russian serial killer would like to go to the front. But not now, when it's cold, because the cold doesn't serve him 🤷
— Belsat in English (@Belsat_Eng) January 15, 2023
The interview with Mikhail Popkov was issued by Russian public TV. The 'Maniac of Angarsk' killed and raped over 80 women. He serves a double life sentence. pic.twitter.com/BPHKjDxycM
Plus précisément, Mikhail Popkov voudrait enfiler un treillis, intégrer les rangs de la milice Wagner et «offrir à Poutine ses compétences militaires». Malin, le criminel pense pouvoir profiter du programme de recrutement dans les prisons russes pour retrouver un semblant de liberté.
Pour cela, il n'hésite pas à dévoiler ses compétences, notamment en «opérations électroniques». Une spécialité que l'effroyable serial killer considère aujourd'hui comme «très demandée» au front. «Même si je suis en prison depuis dix ans, je ne pense pas que ce serait si difficile d'acquérir de nouvelles compétences rapidement.»
Si vous en doutiez, sachez que ce n'est pas parce qu'on a dédié une bonne partie de sa vie à tuer, qu'on ne craint plus les petits frimas de l'hiver. Se montrant tatillon au micro du journaliste, Mikhail n'est pas tout à fait certain de pouvoir survivre longtemps aux éprouvantes températures sur la ligne de front. «Les mois de janvier et de février sont les pires.»
Si cet entretien télévisuel est proprement hallucinant, c'est aussi parce que la brutalité des crimes commis par celui qu'on surnomme notamment le «loup-garou» dépasse l'entendement.
Avant de quitter les forces de l'ordre en 1998, Mikhail Popkov est un agent de police promis à un bel avenir et couvert de louanges par ses supérieurs. Le jour, ce mari et père de famille partage donc son temps entre sa mission de protection de la population et l'éducation de sa fille unique.
Mais dès 1992, le loup-garou a des plans bien moins pépères pour ses nuits.
Son terrain de chasse? La Sibérie post-soviétique et plus précisément la plus grande ville industrielle de l'oblast d'Irkoutsk. Ce n'est donc pas un hasard s'il est rapidement surnommé le «maniaque d'Angarsk». Pendant près de quinze ans, il vivra, travaillera et tuera dans la même ville. Avant de quitter définitivement son emploi, il sera même chargé d'enquêter sur ses propres meurtres, aidant la police à retrouver certains corps.
Pour toute justification, le tueur en série dira plus tard aux autorités qu'il s'était senti la «mission» de «nettoyer» la ville, après avoir soupçonné son épouse d'adultère. Si Mikhail ne s'embarrasse pas d'un type particulier de femme, il tient très fort à son mode opératoire. Une fois entre ses mains, il l'assomme, la plupart du temps avec un marteau. Opérant à l'écart des grands axes, il prenait ensuite son temps avant d'ôter la vie de ses victimes. Poinçon, hache, tournevis, couteau, l'arsenal qu'il trimballait lui permettait de faire durer le supplice.
A creepy excerpt from the home archive of the #Angarsk maniac - Mikhail Popkov (84 proven murders), 90s #ruSSia. pic.twitter.com/7M67ceopoL
— Kiborgz (@Kiborgzzz) June 28, 2022
Si le monstre parvenait à faire grimper aussi facilement les femmes à l'avant de son véhicule, c'est qu'il utilisait un argument imparable: son uniforme rassurant de policier, parfois même sa voiture de fonction. La plupart de ses victimes rentraient d'un bar, d'un repas, d'une soirée. Bon prince, il proposait de les raccompagner, arguant que la ville n'était pas sûre à partir de minuit.
La police comprendra plus tard que les meurtres se sont espacés dans le temps, à l'apparition de ses problèmes érectiles et au moment de quitter ses fonctions de policier pour un boulot de simple agent de sécurité pour le compte d'une entreprise de pétrochimie. C'est grâce à son ADN qu'il sera finalement arrêté, le 29 juin 2010 à la gare de Vladivostok, après une longue enquête que le SVR, équivalent russe du FBI, décrira comme bâclée. Les longues expertises psychiatriques déclareront Mikhail Popkov capable de discernement. Ni trouble mental ni démence à l'horizon. Et c'est probablement encore pire.
La peine de mort a été officiellement abolie en 1996. Le plus sombre criminel du pays veut aujourd'hui incarner le sadique de la guerre en Ukraine, alors qu'il aurait pu, à l'époque, finir avec une balle dans la nuque. A 58 ans, et du fond de sa prison de haute sécurité, le monstre dit «regretter» ses meurtres. Même si on peut s'attendre à tout avec la politique de recrutement militaire du Kremlin, il semble peu probable que le «maniaque d'Angarsk» puisse un jour se retrouver au front.