Encore une épine dans le pied de l'UE. Alors que tout le monde a les yeux rivés sur les manœuvres de Vladimir Poutine, un autre pays est en proie à de préoccupants mouvements politiques. La Bosnie est sur le point de se désintégrer sous les coups de boutoir des sécessionnistes serbes menés par l'homme politique Milorad Dodik.
Face à l'urgence ukrainienne, les autres membres de l'Union européenne ne peuvent nier la place importante que prend le dossier bosnien dès à présent. De plus, comme le souligne Le Monde, Moscou y joue (encore) un rôle prépondérant.
Le ministre autrichien, Adrien Schallenberg n'hésite pas à souligner que les Balkans ne sont «pas un terrain de jeu pour les acteurs non-européens (réd: non-membre de l'UE)», en visant la Russie. A savoir que la patrie de Poutine a apporté son soutien à Milorad Dodik, le leader de la Republika Srpska (République serbe de Bosnie), l’une des deux entités bosniennes, aux côtés de la fédération croato-musulmane.
Dodik, proche du premier ministre hongrois Viktor Orban, menace de recréer une armée serbe en Bosnie, si le pays ne se démilitarise pas. Et par conséquent, de remettre en cause les accords de Dayton signés en 1995, le traité à l'origine de la fin de la guerre d'ex-Yougoslavie.
Et voilà qu'intervient Washington, prêt à sanctionner Dodik. Londres leur a emboîté le pas, mais l'UE piétine. Prudente avec ses relations, elle a réagi mollement, rappelant son attachement pour «la Bosnie-Herzégovine en tant que pays unique et souverain».
L'Europe, face à la montée des pays antieuropéens, se voit molestée. A savoir que la Hongrie a signé un accord de partenariat stratégique avec la Serbie, devenue également une carte maîtresse pour la stratégie de la Russie et de la Chine (autre acteur qui joue contre les intérêts de l'UE dans la région).
Si bien qu'en novembre déjà, un rapport des Nations unies parlait des «plus graves menaces» pesant sur l’avenir de la Bosnie «depuis 1995».
D'après Majda Ruge, chercheuse au Conseil européen des relations internationales (ECFR):
La Russie tend vers une stratégie de nouvelle sécurité, marginalisant les Etats-Unis et l'Otan, pour l'étendre à des contrées où ces deux alliés assumaient habituellement un rôle majeur dans la sécurité. (svp)