Le calme n'a jamais précédé la tempête. Depuis la prise du Dombass par les séparatistes pro-russes en 2014, le conflit couve dans cette région. Il y a 8 ans, lorsque les séparatistes ont tenté pour la première fois de s'emparer de cette région de l'est de l'Ukraine avec l'aide de Moscou, près de 15 000 personnes ont perdu la vie. Lors de la deuxième tentative, qui s'est déclenchée dans la nuit de lundi à mardi, le nombre de victimes serait nettement plus élevé.
«Peu importe le nombre de troupes russes qui arrivent, nous nous battrons», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours. Pendant ce temps, selon des sources russes, les troupes de Vladimir Poutine ont attaqué plus de 60 cibles dans le Donbass.
Après l'échec du renversement de Kiev, Poutine veut au moins s'emparer de l'ensemble du Donbass et compenser ainsi sa défaite de 2014. Le 9 mai, à l'occasion du défilé militaire moscovite célébrant la fin de la guerre mondiale, il voudra offrir à son peuple, selon les discours des Occidentaux, le contrôle de cette région. Cette action serait considérée comme la victoire de «l’opération spéciale» lancée en février dernier.
Pour atteindre son objectif, Poutine mise sur deux nouvelles mesures. Premièrement, il a récemment confié au général Alexander Dvornikov le commandement suprême des troupes russes en Ukraine.
En 2015 et 2016, ce militaire avait fait bombarder Alep et d'autres villes syriennes sans aucun égard pour les victimes civiles. Comme l'a montré l'attaque de la gare de Kramatorsk le 8 avril, qui a fait plus de 50 morts, il prévoit de faire de même dans la lutte pour les territoires de l'est de l'Ukraine.
Deuxièmement, Poutine envoie encore plus d'hommes et d'armes dans la zone de guerre. Selon le ministère américain de la Défense, 76 des 170 bataillons déployés en Ukraine combattent désormais dans le Donbass et dans le sud-est de l'Ukraine. Un tel groupe se compose d'environ 800 combattants et experts en logistique, de dizaines de véhicules blindés et d'artillerie lourde.
Stratégiquement, Poutine n'a que deux options pour atteindre ses objectifs dans le Donbass, selon les affirmations de l'ex-général australien Mick Ryan sur Twitter:
Mais l'affaire est loin d'être gagnée dans l'Est ukrainien. La situation à Marioupol est un grand facteur d'incertitude pour la planification de Poutine. Environ 2500 combattants ukrainiens et 1000 civils résistent encore dans l'aciérie Azovstal. La bataille qui se poursuit autour de Marioupol mobilise d'importantes forces russes.
Si Moscou devaient perdre une deuxième bataille après celle du Donbass en 2014, le risque d'une attaque nucléaire par les Russes augmenterait fortement, affirme l’ex-général Ryan. Et cela par pure frustration.
Il est estimé que la Russie possède environ 2000 armes nucléaires, dont les effets seraient certes dévastateurs. Dans la vidéo ci-dessous, une équipe de l'Université américaine de Princeton a simulé la réaction de l'Occident à une attaque nucléaire de Moscou.
Selon les experts de Princeton, une telle attaque pourrait rapidement conduire à un échange nucléaire entre Moscou et l'Otan, qui ferait plus de 30 millions de morts et près de 60 millions de blessés en quelques heures. Un scénario d'horreur qui ne semble plus aussi absurde qu’avant le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz