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La guerre du Donbass a commencé: Poutine n'a que deux options

La bataille du Donbass a commencé: Poutine n'a que deux options

La Russie a amassé ses troupes dans le Donbass, mais l'issue de la bataille est loin d'être tracée. Si Poutine échoue, les choses peuvent devenir dangereuses.
21.04.2022, 06:1112.05.2023, 17:38
Samuel Schumacher / ch media
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Le calme n'a jamais précédé la tempête. Depuis la prise du Dombass par les séparatistes pro-russes en 2014, le conflit couve dans cette région. Il y a 8 ans, lorsque les séparatistes ont tenté pour la première fois de s'emparer de cette région de l'est de l'Ukraine avec l'aide de Moscou, près de 15 000 personnes ont perdu la vie. Lors de la deuxième tentative, qui s'est déclenchée dans la nuit de lundi à mardi, le nombre de victimes serait nettement plus élevé.

Elderly people are evacuated from a hospice in Chasiv Yar city, Donetsk district, Ukraine, Monday, April 18, 2022. At least 35 men and women, some in wheelchairs and most of them with mobility issues, ...
Deux secouristes évacuent un vieil homme du village de Chasiv Yar, dans le Donbass.image: keystone

«Peu importe le nombre de troupes russes qui arrivent, nous nous battrons», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours. Pendant ce temps, selon des sources russes, les troupes de Vladimir Poutine ont attaqué plus de 60 cibles dans le Donbass.

Après l'échec du renversement de Kiev, Poutine veut au moins s'emparer de l'ensemble du Donbass et compenser ainsi sa défaite de 2014. Le 9 mai, à l'occasion du défilé militaire moscovite célébrant la fin de la guerre mondiale, il voudra offrir à son peuple, selon les discours des Occidentaux, le contrôle de cette région. Cette action serait considérée comme la victoire de «l’opération spéciale» lancée en février dernier.

De plus en plus de soldats dans le Donbass

Pour atteindre son objectif, Poutine mise sur deux nouvelles mesures. Premièrement, il a récemment confié au général Alexander Dvornikov le commandement suprême des troupes russes en Ukraine.

En 2015 et 2016, ce militaire avait fait bombarder Alep et d'autres villes syriennes sans aucun égard pour les victimes civiles. Comme l'a montré l'attaque de la gare de Kramatorsk le 8 avril, qui a fait plus de 50 morts, il prévoit de faire de même dans la lutte pour les territoires de l'est de l'Ukraine.

Deuxièmement, Poutine envoie encore plus d'hommes et d'armes dans la zone de guerre. Selon le ministère américain de la Défense, 76 des 170 bataillons déployés en Ukraine combattent désormais dans le Donbass et dans le sud-est de l'Ukraine. Un tel groupe se compose d'environ 800 combattants et experts en logistique, de dizaines de véhicules blindés et d'artillerie lourde.

Stratégiquement, Poutine n'a que deux options pour atteindre ses objectifs dans le Donbass, selon les affirmations de l'ex-général australien Mick Ryan sur Twitter:

  • Option 1: Les troupes russes progressent depuis le nord de Kharkiv et le sud de Zaporizhia en direction de la grande ville de Dnipro. Si elles y parviennent, elles couperont de facto les troupes ukrainiennes de Kiev à l'est et contrôleront environ un tiers du pays (voir carte ci-dessous).

  • Option 2: Dans la variante minimaliste, les Russes tentent la prise en tenaille 150 kilomètres plus à l'est et forment un front entre Izjum et Marioupol (voir carte ci-dessous). L'ex-général Ryan pense que la deuxième option est la plus probable.
Poutine fait face à deux options militaires.
Poutine fait face à deux options militaires. Image: datawrapper/watson

Risques d'attaque nucléaire

Mais l'affaire est loin d'être gagnée dans l'Est ukrainien. La situation à Marioupol est un grand facteur d'incertitude pour la planification de Poutine. Environ 2500 combattants ukrainiens et 1000 civils résistent encore dans l'aciérie Azovstal. La bataille qui se poursuit autour de Marioupol mobilise d'importantes forces russes.

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Photo prise par un drone de l'aciérie de Marioupol, où près de 2500 combattants et 1000 civils ukrainiens résistent toujours.image: keystone

Si Moscou devaient perdre une deuxième bataille après celle du Donbass en 2014, le risque d'une attaque nucléaire par les Russes augmenterait fortement, affirme l’ex-général Ryan. Et cela par pure frustration.

Il est estimé que la Russie possède environ 2000 armes nucléaires, dont les effets seraient certes dévastateurs. Dans la vidéo ci-dessous, une équipe de l'Université américaine de Princeton a simulé la réaction de l'Occident à une attaque nucléaire de Moscou.

Selon les experts de Princeton, une telle attaque pourrait rapidement conduire à un échange nucléaire entre Moscou et l'Otan, qui ferait plus de 30 millions de morts et près de 60 millions de blessés en quelques heures. Un scénario d'horreur qui ne semble plus aussi absurde qu’avant le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Une région disputée
Le Donbass (ou bassin du Donetsk) est une région de l'est de l'Ukraine, à peu près aussi grande que la Suisse. L'est du Donbass est occupé, depuis avril 2014, par des séparatistes pro-russes. En février 2022, Vladimir Poutine a reconnu par décret l'indépendance des deux républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk dans la partie occupée de la région. Depuis le 18ᵉ siècle, le Donbass était une région importante d'extraction de charbon avec une industrie sidérurgique autrefois florissante. A partir de 1944, l'Union soviétique a contraint plus de 200 000 prisonniers de guerre allemands au travail forcé dans la région. Aujourd'hui, elle est considérée comme l'une des régions les plus pauvres d'Ukraine. (sas)

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

Une frappe russe sur un centre commercial à Kiev
Video: watson
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