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Le Montreux Jazz entre collègues est un drame

Se rendre au Montreux Jazz Festival avec ses collègues, c'est toujours une mauvaise idée. Notre chronique.
Le selfie dans le miroir à une heure indue est un bon indicateur que vous devriez rentrer chez vous, sans passer par le Montreux Jazz Festival.watson

Le Montreux Jazz entre collègues est un drame

Se laisser entraîner un vendredi, tard dans la soirée, par une poignée de compagnons de boulot aussi avinés que vous sur les quais bondés du Montreux Jazz Festival s'avère rarement une bonne idée.
12.07.2025, 12:0012.07.2025, 12:00
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Pendant deux semaines, on vous expose notre regard, souvent cynique, parfois euphorique d'un festivalier privilégié; nos coups de cœur et nos péripéties teintées de gueule de bois et de crise de foie.

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C'est l'heure où les gens intelligents décident de rentrer chez eux. De retrouver leur lit. D'avaler une aspirine et de prier pour une gueule de bois pas trop carabinée le lendemain. Faudrait quand même profiter du brunch du samedi matin. C'est aussi l'heure où les autres, les imbéciles heureux, vides de cette sagesse mais gorgés d'alcool, décident d'aller s'encanailler encore quelques heures dans la foule compacte du «MJFeuuu» - c'est comme ça que le prononce votre collègue Bernard, fin connaisseur un poil pédant.

Avant cela, il faudra abattre les résistances de Simon qui affirme que, «à cette heure-ci, on rentrera nulle part». Tanguer jusqu'à la gare de Lausanne, bouteille de Prosecco à la main, en braillant des insanités. Puis, finalement, traverser l'enfer du train de 23h30. Tandis que vous croisez les yeux vitreux d'autres passagers tout aussi bêtes et ivres que vous, vous vous demandez si vous ne vous êtes pas laissé embarquer dans un traquenard.

Atterrir au Montreux Jazz après minuit est un drame.

Oui, il est tard. Trop tard. Vous devriez être couché maintenant. Pas en train de voguer bêtement entre les stands de curry, de crêpes et de gaufres Manneke Kris, à la recherche d'un énième Ginto' qui ne manquera pas de vous achever. Qu’est-ce qu’on fait là, déjà? Entre Guillaume qui crève d'envie de s'enfiler un sandwich au magret et Cynthia qui ne veut que se déhancher sur du Bad Bunny, vous ne savez plus trop.

Peu importe, finalement.

Tout ça parce qu'Anne a insisté pour y aller. Vous avez la dalle. Des nuggets? Oh oui, là tout de suite, ça passerait bien. D’abord, une nouvelle tournée. Ça tangue. Il y a du monde. Sentir la foule. La chaleur des peaux. Tout va bien. Enfin, faudrait pas non plus être claustrophobe. Une Smirnoff? Allez, oui, ça fait 15 ans que vous n'en avez pas bue. Vous ne savez plus le goût que ça a, mais vous savez que vous allez le regretter.

Se lâcher, ça fait du bien de temps en temps. Arrêter de réfléchir pendant trois secondes. Non pas que vous réfléchissiez beaucoup. Flash rouge. Blanc. Bleu. Orange. L’impression que le temps se fige et que tout va bien. Les festivaliers sont beaux, les robes trop courtes, les chemises grandes ouvertes, les corps transpirants. La lune est blanche, vous vous dandinez, presque convaincu. Vous vous jetteriez bien dans le lac, mais au «MJFeuuuu», ça ferait mauvais genre. On a le droit d'avoir les cheveux mouillés, ici?

Dire qu’il faudra reprendre le train. Recroiser les mêmes regards rougis. S'asseoir sur le sol collant du wagon, faute de place. Marcher jusqu'à la maison ou s'étriper pour choper un Uber. Il y a encore des bus, à Lausanne, passé minuit? On y pensera plus tard. Pour l’instant, ne pas penser. Du tout.

Vous êtes là depuis une demi-heure mais vous vous surprenez à rêver de votre matelas, le dos collé contre votre moitié - ou de votre chat. Vous hésitez à devenir le rabat-joie qui propose de mettre fin à la soirée. Heureusement, dans ces moments-là, il y a souvent quelqu'un qui a la même pensée que vous. «On rentre?». Ouais, allez. Anne n'est pas contente, on vient à peine d'arriver.

Ah, vivement votre lit.

M'enfin, c'était bien, quand même, ce Montreux Jazz. Et vos collègues, ils sont cool. Peut-être même que vous reviendrez la semaine prochaine. Un peu plus tôt.

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source: reuters / evelyn hockstein
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