L'autocrate russe s'est exprimé pour la première fois depuis longtemps sur l'état de la contre-offensive ukrainienne et sur l'état de son armée. Fait inhabituel pour le dictateur, il a également présenté des chiffres lors d'un entretien de deux heures avec des correspondants militaires et des blogueurs russes, et expliqué pourquoi une mobilisation supplémentaire n'était pas nécessaire dans le pays.
Vladimir Poutine a parlé de «pertes catastrophiques pour les Ukrainiens», celles-ci étant dix fois plus élevées que du côté russe. «Pas une seule section du front n'a vu l'adversaire réussir.»
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Le ministère de la Défense à Kiev et le président Volodymyr Zelensky avaient annoncé ces derniers jours la reprise de plusieurs petites localités et colonies dans le sud du pays ainsi que des progrès dans la bataille pour la ville de Bakhmout. Des photos des localités conquises par les troupes ukrainiennes ont pu corroborer la plupart de ces informations.
Le chef du Kremlin n'a en revanche pas présenté d'autres preuves pour étayer ses affirmations. Il n'a pas donné de chiffres concrets sur les prétendues «pertes catastrophiques» de l'Ukraine. Au lieu de cela, Poutine a renvoyé au ministère de la Défense à Moscou. Selon les indications de Poutine, l'Ukraine aurait perdu plus de 160 chars et plus de 360 véhicules blindés. Il a chiffré ses propres pertes à 54 chars, dont une partie pourrait être réparée.
Des images de chars de combat européens Leopard 2 et de véhicules blindés de combat d'infanterie américains Bradley détruits, avec lesquels les troupes ukrainiennes voulaient réaliser des percées sur le front dans la région de Zaporijia, étaient apparues ces derniers jours. Celles-ci ont apparemment été repoussées par les troupes russes. En revanche, des images de matériel militaire occidental prétendument capturé par les Russes s'étaient révélées douteuses.
Le ministère russe de la Défense a fait récemment état de lourdes pertes subies par les Ukrainiens et annoncé que toutes les attaques avaient été repoussées. Par le passé, les données du ministère se sont révélées exagérées et en partie fausses. Et ce à plusieurs reprises.
Ces derniers jours, les experts ont également spéculé sur le fait de savoir si la Russie, au vu des lourdes pertes subies dans la guerre en Ukraine, annonçait une nouvelle mobilisation ou si elle l'avait déjà mise en route. Des durcissements de la loi dans ce sens, avec notamment la suppression des exceptions pour les scientifiques, les criminels ou les malades, avaient laissé entendre que le Kremlin travaillait depuis longtemps à une mobilisation cachée.
Une nouvelle vague de mobilisation ne serait pas nécessaire en Russie, selon Poutine. Il a justifié cela par le nombre prétendument élevé de candidats volontaires. Depuis janvier, plus de 150 000 Russes ont signé des contrats de soldats temporaires auprès de l'armée, a déclaré le chef d'Etat.
Le dirigeant a également qualifié d'inutile l'instauration de la loi martiale en Russie. «Proclamer dans tout le pays un régime particulier tel que la loi martiale n'a absolument aucun sens, il n'y a aujourd'hui aucune nécessité de le faire», a-t-il déclaré devant des représentants de la presse triés sur le volet. Ceux-ci avaient évoqué les tirs croissants sur la région russe de Belgorod, à la frontière avec l'Ukraine, et l'infiltration de troupes pro-ukrainiennes sur le territoire russe.
Selon Poutine, les attaques du côté ukrainien servaient de diversion pour forcer la Russie à retirer des militaires du front là-bas. Actuellement, il n'y a plus de soldats ukrainiens sur place. Il a toutefois menacé de conquérir d'autres parties du territoire ukrainien afin de garantir la protection des régions russes proches de la frontière. Selon lui, ses troupes établissent une sorte de «zone tampon en Ukraine afin de garantir que les forces ukrainiennes ne puissent plus pénétrer sur le territoire russe.»
Après les attaques de drones contre Moscou et d'autres grandes villes, Poutine a toutefois laissé entrevoir une meilleure protection par la défense antiaérienne. Il s'agit d'une tâche difficile mais réalisable, a-t-il déclaré. Jusqu'à présent, la défense antiaérienne était plutôt axée sur les missiles et les avions, et moins sur les petits objets volants légers. Les attaques de drones avaient parfois causé de graves dommages aux bâtiments.
La Russie elle-même attaque presque quotidiennement l'Ukraine avec des drones. Alors que Poutine s'exprimait devant les représentants de la presse, des missiles russes ont tué onze personnes en Ukraine ce mardi. La ville portuaire d'Odessa a notamment été la cible de ces attaques.
A Kiev, on dit en coulisses que personne à Moscou ne doit s'étonner que certains drones veuillent rentrer chez eux. Officiellement, l'Ukraine nie être impliquée dans ces attaques.
Poutine a également menacé le pays voisin d'attaques encore plus graves si les tirs sur le territoire russe et les zones frontalières ne cessaient pas. La Russie pourrait créer une zone sanitaire si éloignée que son territoire ne serait plus accessible depuis l'Ukraine. Il n'a pas précisé ce qu'il entendait exactement par là.