Lorsque, fin février, un convoi de 60 kilomètres de véhicules militaires russes s'est dirigé vers Kiev par le nord; la fin de la guerre semblait en vue. Mais au lieu d'encercler la capitale ukrainienne, la colonne s'est rapidement arrêtée, comme l'ont montré des images satellites. On sait maintenant pourquoi.
La colonne russe a été stoppée par une unité spéciale ukrainienne, appelée Aerorozvidka, composée d'une trentaine d'hommes.
«La première nuit, nous avons détruit deux ou trois véhicules en tête, puis toute la colonne est restée bloquée», raconte son commandant, Yaroslav Hontchar, au Guardian. «Nos hommes sont ensuite restés deux nuits de plus et ont détruit de nombreux autres véhicules».
Les combattants n'étaient équipés que de lunettes de vision nocturne, de fusils de précision, de mines et de drones capables de lâcher des bombes de 1,5 kilo. Ils s'approchaient de leurs cibles sur des quads. «Les assaillants se sont soudain retrouvés sans chauffage, huile, ni essence», raconte Yaroslav Hontchar. «Et tout cela grâce à l'intervention de 30 personnes».
Selon Hontchar, son unité spéciale a également participé à la défense de l'aéroport d'Hostomel, au nord-ouest de Kiev, le premier jour de la guerre et a aidé à repousser l'attaque des parachutistes russes.
Avec leurs drones, les Aerorozvidkadas auraient localisé et bombardé environ 200 soldats russes au bout du tarmac: «Cela a largement contribué à ce que les Russes ne puissent pas s'emparer de l'aérodrome et l'utiliser pour leur invasion», explique Yaroslav Hontchar. Les experts militaires partagent cette appréciation.
Ce n'est pas seulement l'impact militaire de cette petite unité qui est surprenant, mais aussi l'histoire de sa création. L'Aerorozvidka s'est formée après la révolution de Maïdan en 2014 et se compose principalement d'étudiants en informatique, d'ingénieurs et de développeurs de logiciels. Le commandant Yaroslav Hontchar a été soldat, puis est devenu consultant en informatique pour des entreprises et est retourné dans l'armée en 2014.
Mais malgré leur rattachement à l'armée, les Aerorozvidka sont en grande partie livrés à eux-mêmes: ils se financent principalement par des dons et utilisent des contacts personnels pour se procurer des composants pour les drones.
L'unité développe en effet elle-même une grande partie de ses appareils. Entre-temps, elle reçoit également l'aide de l'entrepreneur informatique Elon Musk: celui-ci a autorisé les Aerorozvidkadas à utiliser ses satellites Starlink. Les Ukrainiens peuvent ainsi échanger des informations rapides et fiables sur l'emplacement des unités russes.
«Nous sommes comme un essaim d'abeilles», dit Yaroslav Hontchar. «Une abeille n'est rien, mais des milliers peuvent aussi vaincre un grand adversaire». (t-online, mk)