Le Sénat russe a adopté une nouvelle loi controversée qui permet la conscription militaire par voie électronique. Le nouveau système est «plus pratique», a annoncé, mercredi, la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matvienko. Les sénateurs ont adopté le projet de loi par 163 voix pour et une voix contre.
Selon le texte, il sera désormais interdit aux recrues de quitter le pays dès qu'elles auront reçu l'ordre d'incorporation par voie électronique. Jusqu'à présent, la convocation devait être envoyée en personne. Un système qui permettait à de nombreux Russes d'y échapper parce qu'ils restaient injoignables ou avaient quitté le pays. Un soldat ne doit même pas avoir lu la notification, car l'ordre est automatiquement transféré dans une base de données appelée Gosuslugi.
Cette nouvelle organisation facilitera considérablement l'enrôlement de soldats pour les missions en Ukraine. En Russie, on s'inquiète déjà de l'imminence d'une nouvelle mobilisation. Les pertes sur le front sont élevées et se comptent en centaines de milliers. Pour l'armée russe, difficile, donc de trouver des volontaires. Le chef de la troupe de mercenaires de Wagner, Evgueni Prigojine, aurait déjà proposé une solde de 2700 euros (environ autant en francs) aux nouvelles recrues et aurait procédé à du démarchage téléphonique.
La Russie recrute de nouveaux soldats deux fois par an, au printemps et à l'automne. Cette année, 147 000 citoyens âgés de 18 à 27 ans devraient être appelés entre avril et juillet, selon des documents officiels obtenus par CNN.
«Nous attendions la deuxième vague de mobilisation depuis longtemps. Ce n'est que le début», a déclaré Irina, une psychologue de 51 ans dont le fils est en âge d'être mobilisé, à la chaîne américaine CNN depuis Moscou. Lors de la première vague de mobilisation, la police est allée chercher les gens chez eux, ce qui n'a pas été bien perçu. L'approche semble désormais avoir changé.
Avec cette nouvelle loi, il ne sera pratiquement plus possible de se soustraire au service militaire. Celui qui ne se présente pas au bureau d'incorporation perd ses droits civiques, donc le droit de quitter le pays, les crédits et même le permis de conduire, détaille le Spiegel.
Jusqu'à présent, les troupes russes se composent d'unités régulières, de plusieurs armées privées de mercenaires et de ceux qui ont été recrutés plus ou moins sous la contrainte dans les «Républiques populaires» contrôlées par la Russie. Dans les régions du pays, les gouverneurs tentent de trouver des volontaires motivés par l'argent. La plupart du temps, ces hommes ne savent pas ce qui les attend sur le terrain.
Selon le service fédéral de renseignement allemand (BND), la Russie pourrait encore mobiliser jusqu'à un million de soldats supplémentaires. Le chef du BND, Bruno Kahl, a déclaré au Redaktionsnetzwerk Deutschland en février:
Le Kremlin souligne qu'aucune autre mobilisation n'est imminente et que la rapidité avec laquelle la loi a été adoptée n'en fait pas un cas unique. Elle est nécessaire «pour mettre de l'ordre dans notre système d'enregistrement et de convocation», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. La veille, les députés de la chambre basse russe avaient voté à l'unanimité en faveur de la nouvelle réglementation. Le texte entrera en vigueur dès qu'il aura été signé par le président russe Vladimir Poutine.