Depuis fin janvier, l'armée russe se lance à l'assaut de Vouhledar, dans le sud-est de l'Ukraine, sans même s'en approcher. Les Ukrainiens ont transformé la petite ville située sur une colline en forteresse et contrôlent les environs avec leur artillerie. Le paysage est désormais jonché de cadavres de soldats et d'épaves de véhicules blindés, comme le montrent des images de drones. Mais l'offensive russe n'échoue pas seulement à cause de l'artillerie ukrainienne.
«Nous avons regardé quelles rues ils utilisaient le plus souvent pour leurs attaques. Puis nous nous sommes mis à l'affût et avons attendu», raconte Artyom Knignitsky dans le New York Times à propos d'une de ses récentes interventions contre une colonne d'assaillants russes. Knignitsky fait partie de l'équipage d'un char soviétique T-64 avec lequel les Ukrainiens défendent Vouhledar. Le commandant de char Dmytro Hrebenok, âgé de 20 ans seulement, ajoute:
En automne déjà, une attaque russe sur Vouhledar avait échoué au prix de pertes massives. Selon leurs propres indications, les Ukrainiens ont détruit près de 140 chars et transports de troupes blindés russes à Vouhledar, et le Kremlin y aurait perdu 5000 soldats depuis janvier. Les drones ukrainiens ont bien documenté la débâcle des troupes de Poutine, leurs images montrent ce qui semble être toujours le même processus: des véhicules russes qui roulent sur des mines et des soldats qui fuient dans la panique. Toutefois, les images ne montrent pas comment les Ukrainiens préparent leurs embuscades.
«La colonne de chars est la plus vulnérable lorsque les premiers coups de feu sont tirés, que les conducteurs paniquent et tentent de faire demi-tour, avant de foncer sur les mines au bord de la route», explique Vladislav Bayak, un commandant ukrainien de Vouhledar, au New York Times.
La nuit, les Ukrainiens posent ensuite de nouvelles mines le long des routes, en prévision de la prochaine attaque russe.
This video published by the Armed Forces of Ukraine allegedly shows one of the tank battles between Ukraine’s 72nd Mechanized Brigade and Russian troops near Vuhledar city in Ukraine’s eastern Donetsk Oblast. pic.twitter.com/DXhF0qqHDR
— The Kyiv Independent (@KyivIndependent) March 7, 2023
Mais les mines et l'artillerie ne suffisent pas à arrêter les Russes, Artyom Knignitsky et son équipe sont eux aussi sans cesse sollicités. Trois à quatre fois par jour, ils ont dû quitter leur cachette entre les arbres pour affronter les chars russes, soutenus par des éclaireurs qui observent le champ de bataille avec des drones. Ils peuvent ainsi parfois tirer à cinq kilomètres de distance sur une cible qu'ils ne peuvent même pas voir directement. Dans les rangées d'arbres le long des champs se cachent en outre des fantassins ukrainiens équipés de missiles antichars, qui donnent également du fil à retordre aux assaillants.
Jusqu'à présent, malgré les pertes massives, aucune fin ne se dessine pour les attaques russes sur Vouhledar. Depuis cette forteresse située dans la région de Donetsk, l'Ukraine contrôle également une voie ferrée située en territoire occupé par la Russie, que le Kremlin souhaiterait utiliser pour approvisionner ses troupes sur la péninsule de Crimée. En outre, l'armée russe craint que l'Ukraine ne lance également une contre-offensive depuis cette localité avancée.
Outre Vouhledar, l'armée russe concentre actuellement ses attaques sur la ville de Bakhmout dans la région de Donetsk. Mais là, ce sont surtout les Ukrainiens qui sont en difficulté. (mk)