La mort de Dan Rapoport, un homme d'affaires et opposant avéré à Poutine, laisse perplexe: la dépouille de l'américano-letton de 52 ans a été retrouvée, dimanche dernier, devant son appartement à Washington. Les enquêteurs supposaient jusqu'à présent qu'il s'agissait d'un suicide, mais des détails jettent le doute sur cette version.
Ce qui est certain, c'est que Rapoport est tombé du haut d'un immeuble d'appartements situé au nord-ouest de la capitale américaine. L'homme de 52 ans est décédé à l'hôpital des suites de ses graves blessures. De nombreux médias ont rapporté, en se référant à l'enquête, que Rapoport portait sur lui, au moment de son suicide présumé, de nombreux objets, notamment son téléphone portable, des clés et plus de 2600 dollars en espèces.
Les doutes sur la version du suicide sont surtout alimentés par le fait que la veuve de l'entrepreneur, Alena Rapoport, nie qu'il y ait eu un message d'adieu et que le chien de son mari ait été abandonné dans un parc des environs. Des éléments rapportés par une journaliste russe, Yuniya Pugachewa, sur son canal Telegram. La veuve contredit également la version de Pugachewa, selon laquelle la journaliste aurait rencontré personnellement l'investisseur, en mai, dans une boîte de nuit, londonienne. En effet, il n'aurait pas voyagé dans la capitale britannique à ce moment-là.
La police de Washington ne s'est pas encore prononcée de manière définitive sur la cause du décès. L'enquête se poursuit, comme l'a expliqué récemment une porte-parole du Metropolitan Police Department. Les enquêteurs ont, toutefois, rejeté les suppositions concernant un faux suicide.
Rapoport s'est fait un nom en tant que critique virulent du dirigeant russe Vladimir Poutine. L'entrepreneur a travaillé dans les années 1990 pour la première entreprise pétrolière russo-américaine Phibro Energy et est passé par de hauts postes dans le secteur financier russe. En 2012, il a tourné le dos à Moscou, sans doute aussi parce que son soutien à l'opposant Alexeï Navalny l'a fait tomber en disgrâce auprès le Kremlin. Ce dernier avait été arrêté après des protestations contre les résultats des élections législatives de décembre 2011.
Après quatre ans passés aux Etats-Unis, l'entrepreneur s'était installé, depuis 2016, dans la capitale ukrainienne, Kiev. De son exil, il aurait continué à soutenir l'opposition russe, comme l'a confirmé un conseiller de Navalny en 2017. Des photos publiées sur Facebook le montrent en compagnie de l'ancien oligarque critique à l'égard de Poutine, Mikhaïl Khodorkovski. Après le début de la guerre, la famille Rapoport s'est exilée.
Jusqu'à la fin, l'investisseur a vivement critiqué les dirigeants russes sur son profil Facebook. Son dernier post est une photo tirée du film anti-guerre Apocalypse Now – elle montre le colonel Kurtz, qui est tué par le protagoniste dans le film. La photo est légendée avec les derniers mots du personnage du film: «The horror, the horror. - Colonel Kurtz».
(t-online,jro/adapt. jah)