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L'Ukraine développe de nouvelles armes «qui font peur»

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«Dans moins d'un an, des machines à tuer autonomes auront été développées.»Keystone

L'Ukraine développe de nouvelles armes «qui font peur à tout le monde»

La guerre en Ukraine a vu l'apparition de systèmes d'armes de plus en plus modernes. Le pays sert de laboratoire d'essai et néglige parfois la question éthique, car la priorité est ailleurs.
02.12.2024, 06:04
Tobias Schibilla / t-online
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Depuis près de trois ans, l'Ukraine se bat pour sa survie. L'attaque de la Russie a notamment mis en évidence deux choses: l'Ukraine est dépendante des livraisons d'armes occidentales - et du développement de ses propres systèmes d'armes.

L'industrie de l'armement ukrainienne a fait des progrès particulièrement importants, a récemment expliqué l'expert militaire Greg Melcher dans un entretien avec le Tagesspiegel. Il observe qu'il n'y a actuellement aucun garde-fou moral dans le développement de systèmes d'armes autonomes, car le pays lutte pour sa survie.

«Dans moins d'un an, des machines à tuer autonomes auront été développées»

La guerre contre l'Ukraine devient ainsi un laboratoire d'essai pour cette nouvelle technologie qui pourrait «inverser la tendance» sur le champ de bataille, observe Greg Melcher.

Des systèmes autonomes «pas nouveaux»

L'expert militaire allemand Frank Sauer a une vision différente de celle de Greg Melcher. Il mène depuis des années des recherches sur le rapport entre la technologie et la sécurité et est également chef de la recherche à l'Institut Metis pour la stratégie et l'anticipation de l'Université de la Bundeswehr à Munich. «Je désapprouve de nombreuses déclarations de Greg Melcher», nous explique-t-il. Selon lui, une grande partie de la technologie utilisée en Ukraine n'est pas nouvelle.

A propos de Frank Sauer
Frank Sauer (*1980) est politologue, expert en sécurité et journaliste. Il œuvre à l'Université de la Bundeswehr de Munich, où il mène des recherches et publie des articles sur les questions de politique internationale, en particulier sur la sécurité internationale. Ses travaux comprennent des contributions sur les armes nucléaires, le terrorisme, la cybersécurité ainsi que l'utilisation de la robotique et de l'intelligence artificielle (IA) dans l'armée.

Depuis des décennies déjà, il existe des systèmes d'armes capables de compléter l'ensemble du cycle de ciblage - c'est-à-dire la sélection, la poursuite et la destruction des cibles - sans intervention humaine. Le système de défense antiaérienne Patriot, déjà utilisé en Ukraine, en est un exemple.

«Cette technique n'est pas nouvelle - et pas mauvaise en soi. Car Patriot sauve régulièrement des vies en Ukraine»
Frank Sauer

La fonctionnalité d'un système d'armes agissant de manière largement autonome n'est donc pas nouvelle. Cependant, l'utilisation désormais très répandue de l'intelligence artificielle permet à l'autonomie de faire son entrée dans de nombreux autres contextes militaires, comme les drones.

Des idées façon Terminator?

L'idée de machines à tuer autonomes comme dans les films Terminator est en outre absurde, selon Frank Sauer. En réalité, les systèmes d'armes autonomes pourraient se révéler principalement utiles pour intercepter des munitions en approche, comme des missiles.

«Il n'y a alors peu ou pas de temps pour les décisions humaines»
Frank Sauer

Si l'Ukraine devait utiliser des armes autonomes lors d'attaques, un avantage décisif, outre leur vitesse, serait de pouvoir ignorer la guerre électronique de l'adversaire. «Peu importe si toutes les fréquences radio sont brouillées - il n'est plus nécessaire de guider le système d'armes à distance vers la cible», poursuit l'expert.

Trois domaines de risques pour ces systèmes d'armes

L'utilisation de systèmes d'armes autonomes comporte toutefois des risques, qui se répartissent principalement en trois domaines distincts, explique Frank Sauer. D'un point de vue juridique, des problèmes surviennent notamment lorsque le système provoque des dommages collatéraux, c'est-à-dire que des infrastructures civiles sont endommagées ou des civils touchés. En raison de l'utilisation d'armes autonomes, il est dans ce cas difficile d'attribuer les dommages collatéraux à un responsable.

Le deuxième champ de risque est l'éthique:

«On objecte ici que déléguer les décisions d'attaque à une IA pourrait être fondamentalement inacceptable lorsqu'il s'agit de vie ou de mort»
Frank Sauer

Enfin, Frank Sauer cite comme troisième champ de risques les préoccupations en matière de politique de sécurité. Dans le combat avec des systèmes d'armes autonomes, il existe un risque de perte de contrôle.

«Si deux parties s'appuient sur des systèmes autonomes et que ceux-ci lancent ensuite des attaques et des contre-attaques de manière mécanique en raison d'une erreur, il peut se passer beaucoup de choses avant que l'homme ne parvienne à tirer la prise.»
Frank Sauer

Ce qu'il décrit, les experts en sécurité l'appellent «flash war». La définition semble compliquée au premier abord, alors que l'origine fondamentale d'une guerre éclair est simple à expliquer. Lorsque deux belligérants ennemis utilisent des systèmes d'armes autonomes, il y a de fortes chances que ces systèmes réagissent les uns aux autres et de manière excessive.

L'éthique n'est pas un argument valable

En Ukraine, ces risques sont toutefois observés avec un autre regard puisque le pays est directement menacé par Poutine. «Et nous serions bien avisés, ici dans la paisible et confortable Europe, de ne pas monter sur nos grands chevaux moraux», conseille l'expert.

Frank Sauer assure que les arguments moraux sont perçus de manière totalement différente chez les Anglais, les Américains et les Australiens, selon l'expert. «Sans parler de la Russie, de la Chine ou de toutes les autres parties du monde.»

En réalité, l'argument le plus entendable, au niveau international, c'est celui de la politique de sécurité:

«La guerre éclair, la perte de contrôle, cela fait peur à tout le monde, que ce soit à Berlin, Washington, Pékin ou Moscou»
Frank Sauer

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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