En attaquant l'Ukraine, la Russie vise apparemment le démantèlement complet et le partage du pays voisin. C'est ce qui ressortirait d'un plan secret du Kremlin, que les services secrets ukrainiens disent avoir intercepté. Selon ce plan, Moscou veut diviser ce pays de 40 millions d'habitants en trois parties, selon Vadym Skibitsky, le vice-chef du service de renseignement militaire ukrainien HUR.
Selon Skibitsky, le plan de partage a été élaboré par le ministère russe de la Défense et l'état-major général des forces armées russes fin 2023. Il doit servir de base à la planification de la défense russe jusqu'en 2035 au moins, et en perspective jusqu'en 2045:
Selon le plan de partage, tout l'est de l'Ukraine, y compris les oblasts de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia, ainsi que la Crimée, reviendraient à la Russie. Skibitsky a rappelé que Poutine avait déjà inscrit ces régions dans la Constitution en tant que territoire russe. La partie centrale et la plus grande de l'Ukraine, y compris la capitale Kiev et la ville portuaire d'Odessa sur la mer Noire, doivent être transformées en une «entité étatique prorusse» selon la volonté de Moscou. Sur cette carte, vous pouvez voir comment la Russie veut diviser l'Ukraine si elle gagne la guerre:
Dans cet Etat tronqué, la Russie mettrait en place un gouvernement fantoche qui gouvernerait le pays strictement selon les directives de Moscou. Les autorités de cette «entité étatique» seraient dotées de collaborateurs prorusses et des soldats russes contrôleraient le territoire, selon le plan secret du Kremlin. La partie occidentale de l'Ukraine y est marquée comme «territoires contestés»: le sort de cette partie du pays serait négocié par la Russie avec les Etats riverains, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie.
Selon Skibitsky, le plan secret russe montre également à quelle vitesse le Kremlin s'adapte aux changements de conditions extérieures:
Il voit également le danger que la Russie transmette le plan de partage comme base d'un ordre d'après-guerre à des pays occidentaux, par exemple au futur président américain Donald Trump. Jusqu'à présent, Vadym Skibitsky n'a pas d'informations selon lesquelles cela se serait produit. Mais il ne peut pas l'exclure.
Le service de renseignement militaire ukrainien HUR dispose en outre d'informations selon lesquelles la Russie aurait déjà envahi l'Ukraine avec la ferme intention de commettre un génocide. Les plans à cet effet auraient été élaborés bien avant l'attaque russe du 24 février 2022, rapporte le chef du HUR Kyrylo Budanow:
Ainsi, les soldats russes auraient été instruits avant l'invasion sur l'endroit et la manière de creuser au mieux des fosses communes. Selon Boudanov, les listes de morts dressées par les Russes avaient pour but d'anéantir les élites ukrainiennes. La Russie voulait donc assassiner, de façon planifiée, des hommes politiques et des personnalités publiques, des scientifiques et des journalistes, des écrivains et des membres du clergé, des professeurs d'ukrainien et d'histoire ainsi que des vétérans de l'armée. Les atrocités russes commises par exemple à Boutcha, Izioum, Marioupol et dans d'autres villes sont la preuve d'une «politique systématique de génocide», selon Boudanov.