Si vous souhaitez soutenir l'Ukraine depuis chez vous, sans avoir à vous rendre sur le champ de bataille, vous avez l'embarras du choix: internet offre un large éventail de possibilités. Et les options ne sont pas toujours moralement irréprochables.
Une initiative lancée par un certain Anton Sokolenko se range directement parmi les exemples les plus dérangeants. Comme le rapporte Motherboard, ce jeune étudiant en informatique ukrainien propose de dédicacer les obus qui sont tirés quotidiennement sur les troupes russes.
Pour 50 dollars (48,20 francs), vous pouvez donc faire inscrire votre petite phrase sur l'un de ces projectiles. «Vous avez une chance de tuer des Russes avec un texte inscrit sur un obus de 152mm qui sera envoyé sur les positions ennemies. Vous recevrez une photo avec votre projectile signé», promet Sokolenko sur Telegram. Les fans absolus ont même droit à un rabais: deux obus pour 90 euros.
L'argent récolté est censé améliorer le quotidien des soldats ukrainiens engagés dans la bataille du Donbass. Le 13 juin, le jeune étudiant assurait avoir réussi à lever 11 000 dollars. A noter que cette opération n'a aucun lien officiel avec l'armée de Kiev.
«Oui, ça existe vraiment!», s'enthousiasme un client cité par Motherboard. Anton Sokolenko répertorie les cas dans sa chaîne Telegram. En voici quelques exemples:
L'action d'Anton Sokolenko peut choquer. Sa démarche est inhabituelle, mais elle fait écho à une pratique très répandue dans le monde militaire: «L'inscription de slogans, d'insultes et d'autres messages sur des bombes ou des obus est une tradition ancienne et presque universelle», écrivait en 2019 le site spécialisé The Drive.
Se moquer de ses adversaires avant et pendant la bataille est probablement aussi vieux que la guerre elle-même, poursuit l'article. Dépourvues de camouflage, les bombes se prêtent particulièrement bien au jeu: les textes y sont particulièrement lisibles.
De plus, le marquage de projectiles tirés par des avions peut avoir un effet très positif sur le moral des équipes au sol, cela leur donne le sentiment de participer plus activement à la mission en cours. C'est un peu ce que promet Anton Sokolenko.
Beaucoup d'images témoignent de cette activité pendant la Seconde Guerre mondiale, mais des exemples plus récents ne manquent pas. En 2019, des soldats de l'armée de l'air américaine, alors engagés en Irak et en Syrie contre l'Etat islamique, étaient en service le soir de la diffusion du premier épisode de la dernière saison de «Game of Thrones». Ce qui ne leur a pas plu: pour exprimer leur frustration, ils ont écrit sur une bombe GBU-31/B:
Deux ans plus tôt, des soldats de l'armée de l'air britannique stationnés en Syrie ont écrit sur une bombe le message suivant:
Ce message de défiance répondait à l'attaque terroriste menée quelques jours plus tôt à la Manchester Arena, où 22 personnes avaient perdu la vie pendant un concert de la chanteuse Ariana Grande.
Les textes liés aux villes sont par ailleurs assez courants. Dans une optique similaire, des tags «De Paris, avec amour» ont fait surface sur des bombes utilisées au Moyen-Orient après les attentats du 13 novembre. (asi)