Le président russe Vladimir Poutine assiste samedi à des manoeuvres militaires de grande ampleur et à des essais de missiles, au risque d'enflammer encore la situation. Les incidents sur la ligne de front s'accumulent.
Les craintes d'une attaque russe sont à leur comble en raison de la multiplication des violations du cessez-le-feu entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes. Ces deux opposants se battent depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine, dans un conflit qui a déjà fait plus de 14 000 morts.
Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont fait état samedi d'une «augmentation spectaculaire» de ces violations. Selon eux, le nombre d'incidents armés sur la ligne de front est désormais identique à celui d'avant juillet 2020, date à laquelle avait été conclu un accord pour renforcer le cessez-le-feu.
L'agence d'Etat russe Ria Novosti a rapporté vendredi deux explosions, dont celle d'un oléoduc, à Lougansk, ville de l'est de l'Ukraine tenue par les séparatistes. Et les autorités des territoires sécessionnistes prorusses ont ordonné l'évacuation des civils vers la Russie.
Le président américain Joe Biden s'est déclaré «convaincu» vendredi que Vladimir Poutine avait décidé d'envahir l'Ukraine. Selon lui, la multiplication des heurts visait à créer une «fausse justification» pour lancer l'offensive dans la semaine ou même les jours qui viennent.
Joe Biden a cependant laissé la porte ouverte au dialogue. Il a annoncé une rencontre entre son secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov jeudi prochain. Tant qu'une invasion ne s'est pas produite, le président américain a estimé que:
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit de son côté rencontrer samedi à Munich des dirigeants occidentaux, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris.
Washington estime que la Russie dispose de 190 000 hommes aux abords de l'Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. Selon Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, les forces russes constituent:
Il a jugé que Moscou était «en mesure, sans autre forme d'avertissement, d'attaquer».
Le Pentagone a affirmé vendredi qu'entre 40% et 50% de ces troupes russes sont «en position d'attaque», et que les heurts sur la ligne de front font partie d'une «campagne de destabilisation de l'Ukraine» préliminaire à une invasion.
Le ministre de la Défense américain Lloyd Austin a lui aussi affirmé à la chaîne ABC que la Russie avait rassemblé les éléments «nécessaires à une invasion réussie». «Je ne crois pas que ce soit du bluff», a-t-il déclaré.
La Russie n'a jamais divulgué le nombre de ses soldats massés aux frontières de l'Ukraine ou participant à des manoeuvres au Bélarus voisin. Le ministère russe de la Défense a annoncé que Vladimir Poutine superviserait personnellement samedi des manoeuvres militaires, avec notamment des tirs de missiles balistiques et de croisière capables de porter des charges nucléaires.
Ces exercices mobiliseront des forces du district militaire Sud, les forces aérospatiales, les flottes du Nord et de la mer Noire ainsi que les «forces stratégiques». Ces dernières sont équipées de missiles à portée intercontinentale, de bombardiers stratégiques, de sous-marins, de navires de surface et d'une aviation navale porteuse de missiles conventionnels. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré qu'il s'agit d'un «processus d'entraînement régulier».
L'Occident a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d'invasion de l'Ukraine. Elles feraient de la Russie un «paria», a encore martelé vendredi un responsable américain. Vladimir Poutine a de nouveau balayé la menace:
Toute la journée de vendredi, les belligérants dans l'est de l'Ukraine se sont accusés de violer une trêve et d'user d'armes lourdes. Des bombardements se sont encore fait entendre à Stanitsa Louganska, ville sous contrôle ukrainien, selon des journalistes de l'AFP. Elle avait déjà été visée jeudi par des tirs qui ont notamment touché une école maternelle.
Le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, a assuré que la Russie allait «défendre» les «citoyens russes» qui vivent dans les territoires séparatistes en Ukraine si leurs vies étaient «menacées». Il a prévenu que:
(sas/ats)