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Pourquoi l'Ukraine bombarde ses propres ponts

L'Ukraine bombarde ses propres ponts et il y a une bonne raison pour ça

Les ponts permettant de traverser le fleuve Dniepr font l'objet d'un bras de fer. Dans la région de Kherson, sous occupation russe, l'armée ukrainienne détruit systématiquement ses précieuses passerelles, forçant ses opposants à battre en retraite. Décryptage du phénomène.
29.07.2022, 11:5301.08.2022, 08:29
Martin Küper / t-online
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Mercredi, le Ministère ukrainien de la Défense a envoyé un message clair aux occupants russes via son compte Twitter: «Reculez ou vous serez détruits. Vous avez le choix».

La mise en garde a d'autant plus de poids qu'elle fait suite à une attaque à la roquette, la nuit précédente, sur le pont Antonovsky. Ce dernier, situé au sud de la ville de Kherson, constitue la seule allée automobile traversant le fleuve Dniepr dans la région. Partiellement endommagé par les frappes, le pont est apparemment impraticable. Un sinistre coûteux pour les forces russes, qui ont dû fermer le passage au trafic civil.

View of the city of Kherson from a balloon, Antonovsky bridge over the river. Dnieper.
Le pont Antonovsky à Kherson en 2006. Image: pd/wikicommons

C'est que les ponts sur le Dniepr sont désormais synonyme de pierre d'achoppement pour les unités russes, forcées de faire des choix drastiques. «La contre-offensive ukrainienne s'accélère», renchérit jeudi le ministère britannique de la Défense sur Twitter. Selon ses vues, les troupes de Poutine, en partie isolées dans la ville de Kherson, semblent pratiquement perdues.

Depuis que le président Zelensky a annoncé une contre-offensive dans le sud de l'Ukraine, le 11 juillet, son armée a systématiquement coupé les lignes d'approvisionnement de la ville de 300 000 habitants, vraisemblablement avec l'aide de lance-roquettes occidentaux à longue portée. Le pont Antonovsky avait déjà été endommagé lors de la première frappe le 22 juillet, mais était toujours praticable. 👇

Vidéo: watson

L'armée russe vulnérable

Selon le ministère britannique de la Défense, au moins deux autres ponts sur le Dniepr sont endommagés, dont un pont ferroviaire plus à l'est. De plus, les Ukrainiens ont «très probablement» réussi à construire une tête de pont au sud de la rivière Inhoulets, qui borde Kherson occupé au nord.

Tête de pont, kezako?
Selon la définition du site TV5Monde, une tête de pont est une zone en territoire hostile qui a été capturée et qui attend d'autres troupes et fournitures.
«La 49e armée russe sur la rive ouest du Dniepr est désormais extrêmement vulnérable»
Le Ministère britannique de la Défense sur son compte Twitter

Côté russe, on considère la récente pluie de missiles qui s'est abattue sur le fleuve avec une nervosité croissante. Les forces de Poutine mettent en place des stratégies temporaires, mais apparemment peu satisfaisantes: «Nos troupes ont commencé à construire des ponts flottants, mais ils peuvent porter beaucoup moins de poids et sont très vulnérables aux attaques ennemies», explique le blogueur de guerre russe Igor «Strelkov» Girkin sur Telegram.

L'Inhoulets est un affluent droit du Dniepr.
L'Inhoulets est un affluent droit du Dniepr. image: Wiki

Girkin confirme également l'établissement de la tête de pont ukrainienne au sud de l'Inhoulets. «Je pense qu'il y a une grande peur du côté russe d'une défaite stratégique dans le sud de l'Ukraine», commente William Alberque du groupe de réflexion américain Institute for the Study of War au journal indépendant russe Moscow Times.

Les ponts, pierre(s) angulaire(s) de la libération

Du côté ukrainien, cependant, l'explosion des ponts fait battre des coeurs, alors que l'espoir grandit au regard de cette nouvelle stratégie. Un optimisme partagé publiquement lundi par Sergey Khlan, député au conseil régional de Kherson, à la télévision ukrainienne:

«Nous sommes arrivés à un tournant dans la bataille de Kherson et nous passons maintenant d'actions défensives à des actions offensives»

Pour lui, le jugement est sans appel: la bataille des ponts est une étape importante vers la libération de Kherson: « En septembre nous aurons repris la ville», annonce-t-il.

L'armée ukrainienne, cependant, ne se contente pas de penser sa stratégie à court terme.« L'objectif n'est pas la destruction aveugle des infrastructures», tempère mercredi Natalia Humeniuk, porte-parole des forces de défense ukrainiennes au journal Ukrayinska Pravda. «L'objectif est de couper l'approvisionnement des troupes russes».

«Nous ne détruisons pas nos infrastructures, nous contrecarrons les plans de l'ennemi»
Natalia Humeniuk, porte-parole des forces de défense ukrainiennes

Pour l'expert militaire américain Phillips O'Brien, cette stratégie fait sens. Selon son analyse, les forces de défense ukrainiennes ne s'adonnent pas à une destruction à tout-va des infrastructures de réseaux, mais procèdent bel et bien à de frappes chirurgicales tactiques:

«Les Ukrainiens ne voudront pas détruire les deux ponts les plus importants sur le Dniepr, car cela les ralentirait drastiquement si la contre-attaque est un succès»
Phillips O'Brien sur Twitter

(traduit de l'allemand par jod)

Malgré ses promesses, la Russie bombarde encore le sud de l'Ukraine
Video: watson
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