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Le Himars, lance-roquettes aussi aussi redoutable sur Twitter

Le Himars, ce lance-roquettes aussi redoutable sur le front que sur Twitter

Le Himars est bien plus qu'un lance-roquettes, c'est un mème
Le lance-roquettes Himars en action: extrait d'une vidéo partagée par les autorités ukrainiennes.Image: Twitter
Les Etats-Unis vont livrer quatre nouveaux Himars à l'Ukraine. Depuis son arrivée sur le champ de bataille, ce lance-roquettes américain est devenu une véritable star des réseaux sociaux: sa terrible efficacité est célébrée par des dizaines de mèmes et de posts officiels menaçants.
25.07.2022, 16:5726.07.2022, 09:46
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A l'origine, il était juste une arme. Une arme très puissante certes, mais toujours une arme. Pourtant, le Himars est vite devenu beaucoup plus qu'un «simple» lance-roquettes multiple. Dès son arrivée sur le sol ukrainien, il a tour à tour été transformé en symbole d'espoir, star des réseaux sociaux et mème.

Quelques données factuelles pour commencer. Himars est l'acronyme de «High Mobility Artillery Rocket System», nom qui désigne un lance-roquettes de conception américaine. La question de son envoi en Ukraine a été discutée à Washington à partir du mois de mai. Les premiers engins ont été livrés fin juin: 16 exemplaires sont actuellement sur place, nombre qui passera à 20 avec les quatre modèles supplémentaires annoncés vendredi par Washington.

Comprendre pourquoi cette arme en particulier est devenue un symbole d'espoir - alors que des centaines de millions de dollars d'armements affluent en Ukraine depuis des mois - est assez évident. Ce lance-roquettes peut frapper jusqu'à une distance de 80 kilomètres: c'est une portée doublée par rapport aux systèmes d’artillerie dont Kiev disposait jusque-là.

D'autres armes ont déjà été élues symbole de résistance avant le Himars: le lance-missile Javelin, au tout début du conflit, en est un exemple. Pourtant, la popularité du nouveau joyau de l'armée ukrainienne atteint des sommets difficilement imaginables il y a seulement quelques mois. Tour d'horizon.

La star des réseaux

Son premier rôle «non militaire» est celui de vedette des réseaux sociaux. Depuis son arrivé sur le sol ukrainien, le Himars est partout. Et ce n'est pas un hasard algorithmique: il s'agit bien d'une stratégie volontaire mise en place par les autorités de Kiev.

Ce sont tout d'abord les comptes officiels à partager ce type de contenu. Un exemple au hasard? Ce post Twitter du Ministère ukrainien de la Défense, où le lance-roquettes est représenté comme un feu d'artifice:

«Ils nous inspirent. Ils terrorisent l'ennemi. Ils sont les Himars», peut-on lire sur l'image. D'autres exemples sont beaucoup moins festifs. Sur cet autre tweet, on retrouve le lance-roquettes mué en dragon vengeur. La légende qui l'accompagne est encore plus explicite:

«Himars, défenseurs de notre terre, Chimères de la vengeance. Ils ne s'arrêteront pas... jusqu'à ce qu'ils éradiquent complètement l'ennemi, qui prend plaisir à tuer nos femmes et nos enfants.»

D'autres fois, la communication est plus basique, comme en témoigne cette vidéo montée comme un clip montrant les prouesse du lance-roquettes:

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, est un gros fan du Himars. C’est lui qui avait annoncé l’arrivée des premiers engins sur le sol national, le 23 juin dernier, accompagnant la nouvelle du désormais habituel message menaçant:

«L'été va être chaud pour les occupants russes. Pour une partie d'entre eux, ce sera le dernier»
Oleksiy Reznikov

Le mème

Cette sorte de campagne de communication s’est poursuivie bien au-delà des comptes officiels. Internautes, mèmeurs et shitposters de tous bords se sont approprié le lance-roquettes et ont opéré la mutation ultime: le Himars est devenu un mème.

Les caricatures circulant sur les réseaux sociaux mettent l'accent sur un élément particulier: le lance-roquettes a été utilisé avec succès pour détruire des dépôts de munitions russes. Il n'en fallait pas plus pour allumer l'internet. Les mèmes à ce sujet se multiplient:

Les soldats russes mobilisés auprès de ces dépôts sont devenus la cible de nombre de blagues douteuses:

«Le pire métier du monde? Garde dans un dépôt de munitions russe

Tu ne sais jamais quand ton shift va prendre fin»

Ou encore:

«Oui, tout va bien, on est en train de surveiller un dépôt

S'agit-il d'un Himars?

Oui»

La grande quantité de dépôts que les Himars auraient détruits en a fait une véritable rockstar. Du moins sur ce t-shirt imprimé par le site caritatif «Saint Javelin», où les endroits frappés par les roquettes sont listés comme les dates d'une tournée de concerts, la soi-disant «2022 Russian ammunition depot tour» («tournée 2022 des dépôts de munitions russes», en français):

Le Himars est également présent dans les posts de la NAFO, un groupe informel d'internautes qui inondent les comptes officiels russes de trolls, mèmes canins et de vidéos moqueuses:

Il est intéressant de remarquer que, dans certains cas, les mèmes réagissent à l'actualité du conflit. Le tweet suivant fait par exemple référence à la requête des Ukrainiens d'obtenir des ATACMS. Ces missiles peuvent être tirés par un Himars et ont une portée de 300 kilomètres.

Dans cet autre exemple, le mème fait référence au pont de Crimée, que les Russes ont essayé de cacher à l'aide de fumigènes pour le protéger des tirs ukrainiens:

D'autres fois, les internautes recyclent des mèmes célèbres (Shining), ou sortent des références à la pop-culture, comme la série télé Stranger Things:

Quelle efficacité?

Mais alors que les internautes célèbrent, chacun à leur manière, la terrible puissance du Himars, une question se pose de toute évidence: ces lance-roquettes sont-ils si efficaces que ça? Quel est leur poids réel sur le terrain?

Pour le ministre de la Défense, ça ne fait aucun doute: «Les Himars ont déjà fait une GROOOSSE différence sur le champ de bataille», a-t-il récemment tweeté.

Oleksiy Arestovytch, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, partage le même avis: «Selon les informations de nos services de renseignement, les occupants sont au bord de la panique. Ils subissent des pertes gigantesques et ne savent plus quoi faire», a-t-il affirmé dans une interview. Et d'ajouter:

«En l'espace d'une semaine, les forces armées ukrainiennes ont mené plus de 50 attaques et toutes ont été couronnées de succès»
Oleksiy Arestovytch

Des analyses menées par des internautes vont dans le même sens. Les deux cartes ci-dessous montrent les attaques russes avant et après l'action des Himars. La destruction des dépôts de munitions semble avoir eu un effet visible:

S'agit-il donc de la solution miracle pour remporter le conflit? Même avant leur livraison, beaucoup d'observateurs et analystes affirmaient que les Himars pouvaient changer le cours de la guerre en faveur des défenseurs.

L'historienne militaire Tamara Cubito, récemment interviewée par watson, ne partage pas cet avis: «Cette arme ne sera pas décisive pour la guerre». Elle avance l'exemple suivant:

«L'arme la plus extrême jamais utilisée dans une guerre est probablement la bombe atomique. Même là, la question de savoir si elle a réellement décidé de la guerre et forcé le Japon à capituler est controversée. Si même la bombe atomique n'a pas été décisive pour la guerre, je ne pense pas non plus que le Himars le sera en Ukraine.»
La Saint-Javelin et les autres
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