L'augmentation des effectifs de loups suscite des discussions animées non seulement en Suisse, mais aussi en Europe. Les uns mettent en garde contre le danger pour le bétail et les pâturages. Les autres veulent s'en tenir au statut de protection actuel.
Mais voilà que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, intervient en personne dans le débat:
Elle demande instamment aux autorités locales «d'exploiter pleinement» les dérogations accordées pour protéger le loup.
L'Allemande de 64 ans sait de quoi elle parle. Il y a tout juste un an, le loup problématique «GW950m», connu en Basse-Saxe, a tué son poney préféré, Dolly, dans sa propriété familiale de Burgdorf, près de Hanovre. L'animal aurait été retrouvé mort dans son pré, où il se trouvait avec un autre poney, qui n'avait pas été blessé. Toute la famille est «terriblement affectée par la nouvelle», avait fait savoir von der Leyen. Dolly a tout de même vécu une trentaine d'années.
L'Europe n'a pas attendu cette attaque pour se préoccuper du loup. Tout comme en Suisse, les effectifs ont augmenté au cours des dernières années.
On estime qu'environ 19 000 loups vivent dans les pays européens (sans la Russie). En Suisse, on compte 31 meutes avec près de 240 individus. En Allemagne, on compte plus de 160 meutes de huit loups en moyenne. Chaque année, des milliers d'attaques sont perpétrées sur des animaux de rente. En Suisse, 1480 moutons, chèvres et bovins ont été tués l'année dernière. En Allemagne, plus de 4000 attaques ont été signalées.
Alors que la «gestion du loup» est du ressort des Etats membres de l'UE, le statut général de protection est régi par la «Directive européenne Habitat, Faune, Flore» adoptée en 1992. Le loup est toujours considéré comme «strictement protégé». Les tirs ne sont possibles que dans des cas exceptionnels et sur autorisation individuelle, dans la mesure où le loup peut être mis en relation directe avec une attaque.
Le ministre-président de Bavière, Markus Söder, a déjà critiqué publiquement cette réglementation en mai:
En novembre dernier, le Parlement européen avait déjà demandé dans une résolution que le statut de protection du loup soit adapté et que les intérêts des éleveurs soient mieux pris en compte.
La Commission européenne répond désormais à cette demande. Les communes, les associations, les scientifiques et toutes les autres personnes intéressées sont invitées à soumettre jusqu'au 22 septembre des données sur l'augmentation de la population de loups et ses conséquences.
La Commission européenne décidera ensuite d'adapter le cas échéant le statut de protection, c'est-à-dire de l'abaisser. Ce qui pourrait conduire à une plus grande flexibilité dans l'octroi des autorisations de tir ou à l'autorisation de la chasse au loup là où les populations sont particulièrement élevées.
Une modification juridique en ce sens nécessiterait l'accord des ministres de l'Environnement de l'UE. La ministre allemande de l'Environnement Steffi Lemke (Verts) s'était déjà prononcée en faveur de tirs de loups plus rapides et moins bureaucratiques. La France a également fait part de réactions positives. En Suisse, le conseiller fédéral Albert Rösti souhaite, selon un article de presse, autoriser le tir de jusqu'à 70% des loups dans la nouvelle ordonnance sur la chasse.
Les associations environnementales ont réagi avec indignation et ont demandé dans une pétition l'arrêt du «massacre des loups».
Traduit et adapté par Noëline Flippe