Ceux qui ont déjà acheté de la drogue sur le darknet doivent s'attendre à recevoir un courrier plutôt désagréable de la part du ministère public. Les enquêteurs sont récemment parvenus à arrêter de nombreux dealers actifs sur différents marchés illégaux.
Mardi 2 mai, l'agence policière européenne Europol a annoncé qu'une opération coordonnée avait permis d'arrêter 288 vendeurs et acheteurs impliqués dans des dizaines de milliers de ventes de marchandises illégales à travers l'Europe, les Etats-Unis et le Brésil. Certains de ces suspects seraient considérés comme des «cibles de haut niveau».
Selon le communiqué, des enquêteurs de neuf pays sur trois continents, dont la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche et la France, ont participé à l'opération dite «SpecTor».
Aux Etats-Unis également, des enquêtes intensives ont été menées sous l'égide du ministère de la Justice. Europol répertorie, avec le FBI, toutes les grandes autorités de poursuite pénale du pays.
Plus de 50 millions d'euros en espèces et en cryptomonnaies ont été saisis, ainsi que 850 kg de drogue et 117 armes à feu. Parmi les drogues confisquées figuraient plus de 258 kg d'amphétamines, 43 kg de cocaïne, 43 kg de MDMA et plus de 10 kg de LSD et de comprimés d'ecstasy.
C'est le deuxième coup dur porté en l'espace d'un mois aux criminels opérant sur le darknet. Début avril, les enquêteurs avaient déjà bloqué la plateforme Genesis Market dans le cadre de l'opération Cookie Monster. Europol avait mentionné qu'il s'agissait d'une opération sans précédent à laquelle avaient participé des agents de la force publique de 17 pays, dont la police fédérale suisse (Fedpol) et la police cantonale zurichoise. En mars, des enquêteurs de la police cantonale zurichoise ont par ailleurs participé au démantèlement, coordonné par Europol, du service de blanchiment d'argent en ligne ChipMixer.
Selon Europol, deux arrestations ont eu lieu en Suisse. Interrogé mardi après-midi, le ministère public zurichois a envoyé la prise de position suivante:
Seules des drogues étaient vendues sur le Monopoly Market lancé en novembre 2019. Les dealers ne pouvaient proposer leurs marchandises que sur invitation personnelle. Pour le paiement, seule la cryptomonnaie Monero (XMR), considérée comme relativement sûre et anonyme, était acceptée.
L'«infrastructure criminelle du marché» avait été saisie en décembre 2021 par la police allemande, comme le précise le communiqué d'Europol. Les données sauvegardées sur les serveurs saisis auraient par la suite servi de base à des centaines d'enquêtes nationales.
Les dealers arrêtés dans le cadre de l'opération contre le Monopoly Market étaient également actifs sur d'autres marchés illégaux. Leur arrestation a permis d'endiguer davantage le trafic de drogue sur le darknet. En ce qui concerne le nombre d'arrestations, la dernière opération aurait même été plus fructueuse que les précédentes opérations de police portant les noms de code «DisrupTor» (2020) avec 179 arrestations et «Dark HunTor» (2021) avec 150 arrestations.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder