La Guerre des sexes, c'est fini sur la RTS, mais définitivement pas dans la vie. C'est un peu notre sentiment en sortant la tête de cet ovni télévisuel en deux épisodes, qui a fait jaser la Suisse romande. Le pitch avait de quoi. Il fallait du cran pour réunir une néo-féministe, un trans, un coach en masculinité, un(e) iel autoproclamé(e) ou encore une gaucho de la vieille école pour causer de sexe, 48 heures durant, dans un chalet en bois doré. Ajoutez à cela un concept basé sur la «téléréalité» et c'est un véritable bain de sang que nous promettait le service public.
Promesse tenue? Pour le décor, on valide. Le mazot, clinquant et bling-bling à souhait, avec sauna et cuisine en marbre, est digne des Anges à la Suisse. Pour le sel et le sale de Loft story et compagnie, en revanche, c'est raté: la sauce téléréalité suisse ne prend pas. Trop propre, trop édulcorée. On devra se contenter d'une poignée de confessions larmoyantes, en peignoir et face caméra, sur des considérations de vocabulaire.
Sur le fond, deal respecté. Les huit participants, sélectionnés parce que tout les oppose, se mêlent et ne se comprennent pas. On assiste, impuissant, à une succession de débats perdus d'avance. Chacun fait mine de comprendre l'avis de l'autre pour mieux camper sur sa position. Chacun persuadé de détenir «La Vérité» sur le sexe, le genre, les rapports humains. Bref, une infime partie des problèmes de ce monde.
Peu de clashs, beaucoup de pinaillage. «Tu peux heurter très violemment une personne ici!», s'insurge iel contre la socialiste de 60 ans en larmes, féministe de la première heure, quand elle ose affirmer que, pour elle, une «personne pourvue d'une vulve» est une femme.
Heureusement que l'odieux mais délectable Marc Bonnant est là (oups, spoiler) pour glisser son grain de sel et sa verve légendaire au milieu du second épisode. Savoureuse plaidoirie de l'avocat «bêtement hétérosexuel» venu défendre sa vision de l'amour courtois et d'un patriarcat «qui n'existe pas», face à un public désabusé.
Conclusion de ce week-end? Une photo de groupe toutes dents dehors et des souvenirs «inoubliables». Sans oublier cette impression, amère, «qu'on est tous dans une bulle».
C'est peut-être la conclusion à tirer de cette Guerre des sexes. Non seulement elle ne fait que commencer, mais surtout, elle est perdue d'avance.